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L’éleveur veut transmettre sa « Passion L’éleveur veut transmettre sa « Passion »

Dominique Weber, 58 ans, sans repreneur familial, cherche à passer le flambeau de son élevage laitier, en Moselle, de façon progressive.

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«Je ne cherche pas à faire de l’argent, seulement à transmettre un outil de travail, et à installer un jeune qui a de l’ambition. Cela lui demandera un réel investissement et du courage, surtout avec la conjoncture difficile, mais être agriculteur reste un beau métier. »

À 58 ans, Dominique Weber est comme beaucoup d’exploitants de son âge, confronté à un problème de succession. Il a contribué à faire progresser l’élevage, notamment le troupeau laitier sur le plan de la génétique.

Désormais, celui-ci atteint une taille « critique » pour une reprise hors cadre familial (lire encadré ci-dessous). Son associé est en longue maladie depuis un an. À 59 ans, il ne reprendra plus sa place dans le Gaec. Dominique a trois enfants, mais aucun n’est intéressé pour prendre sa suite : une fille agricultrice en Bretagne, une seconde qui suit des études de géologie, et un fils formé à la mécanique. Son épouse travaille dans un collège tout proche. Actuellement, Le Gaec de la Passion a recours à une jeune apprentie de 24 ans, encore en formation par alternance dans une maison familiale des Vosges. Pas vraiment « homme de machines », l’agriculteur travaille beaucoup avec des Cuma du secteur.

L’éleveur pensait passer la main tranquillement d’ici quatre à cinq ans, cependant, depuis l’arrêt maladie de son associé, il y a un peu plus d’un an, tout s’est compliqué. Pendant trois mois, il a fait appel au service de remplacement. Puis, il a embauché un jeune en tant que salarié. L’objectif était de le faire entrer dans le Gaec ultérieurement, ensuite lui céder les rênes. Une étude avait été réalisée par le cabinet comptable CER France afin de cadrer le projet. Le dossier définissait les modalités possibles de reprise des parts. Finalement, « l’exploitation était trop grande pour lui, regrette Dominique. Il aimait l’élevage, moins les cultures. Il est parti avec sa compagne dans l’est de la Moselle vers un projet de vente directe. »

Parti de presque rien

Déçu, mais pas découragé, l’agriculteur a contacté les lycées agricoles de la région. Il a également mis une petite annonce sur le site www.agriaffaires.com et même sur Leboncoin. Il y a bien eu des réponses, par contre les candidats étaient peu sérieux. « Certains jeunes n’ont parfois pas le sens des réalités. Ils pensent qu’une traite par jour suffit, par exemple. » En outre, l’agriculture mosellane, comme les autres secteurs d’activité, peine particulièrement à trouver de la main-d’œuvre. L’Allemagne, toute proche, et même davantage le Luxembourg offrent des salaires très intéressants.

L’investissement dans son métier, Dominique sait ce que cela signifie. Il est parti de presque rien, d’une petite ferme que possédaient ses parents dans le village, qui produisait 120 000 litres par an. À son installation, il l’a déplacée à l’extérieur de Filstroff. « La production a été quasiment multipliée par dix, pourtant je vis presque moins bien, constate l’agriculteur. Le lait est payé en moyenne 315 €/1 000 litres sur les douze derniers mois. C’est trop juste. Avec la hausse escomptée dans les prochains mois, la donne devrait être meilleure. »

Sa passion est toujours là : d’où le nom de son Gaec. Pour Dominique, elle s’est déclinée autour de la génétique, de la vente d’embryons, dans les concours auxquels il continue de participer, néanmoins de façon moins active, faute de disponibilité.L’exploitation a aussi continué d’investir : la salle de traite a été refaite en 2012 (2 × 12). Un bâtiment pour les veaux a été construit en 2015. Le tout dernier investissement concerne un silo. Deux mises aux normes ont été faites. « Il faudrait refaire les bétons, pour un meilleur bien-être des animaux. C’est un domaine auquel je suis sensible. Ici, aucun animal n’est attaché », précise l’éleveur.

Maintenir de l’emploien milieu rural

« L’agriculture est une roue, estime Dominique. Elle fait vivre beaucoup de personnes de l’amont vers l’aval. Si on souhaite qu’elle continue de tourner, il faut la soutenir. Par des prix rémunérateurs, bien sûr, et en aidant les reprises d’exploitations pour maintenir un tissu économique local. Il faut faire prendre conscience que nous offrons des emplois en milieu rural non délocalisables. »

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