Dix frères et sœurs pour reprendre le fl Dix frères et sœurs pour reprendre le flambeau
Jean-Paul Horrenberger s’est lancé dans le maraîchage bio avant que dix de ses… douze enfants ne donnent un coup d’accélérateur à la production, comme à la vente.
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Jean-Paul Horrenberger est un homme opiniâtre. En 1968, il a 16 ans quand l’un de ses professeurs lui parle de la production bio. L’année suivante, il convainc son père d’engager la ferme familiale dans le maraîchage. À Durrenentzen (Haut-Rhin), les terres légères s’y prêtent. Elles filtrent aisément l’eau. Les cailloux compliquent le semis, mais restituent la chaleur de façon précoce. À l’époque, les connaissances et les techniques balbutient encore, mais Jean-Paul et Yvette, son épouse, tiennent bon. En 1987, il cesse l’élevage pour ne conserver que les céréales et les légumes vendus pour la plupart sur des marchés.
Au champ, Jean-Paul peut compter sur les coups de main de ses douze enfants. Jusqu’au jour où ceux-ci reprennent le flambeau. Nous sommes en 2010. Michel et Frédéric s’associent dans une EARL qui deviendra une SCEA. Ils rejoignent leur frère Jérémie, déjà salarié de l’exploitation depuis 2006. Yvan et Olivier suivent en 2011. Des cinq frères, seuls Jérémie et Yvan ont une formation agricole. Les trois autres n’ont que l’expérience acquise sur le terrain.
L’exploitation passe de la bio à la biodynamie. Elle se donne une signature : « Ferme Horrenberger. Maraîcher bio depuis 1969 ». Elle investit dans la main-d’œuvre et la technicité. « Tout le personnel mange ensemble à midi pour se voir dans un autre contexte que le travail, signale Michel. L’objectif est de rendre les tâches moins fastidieuses en mécanisant autant que possible. Nos matériels sont moins polyvalents que jadis. Mais en étant bien outillés pour tous les types de légumes, nous travaillons de manière plus précise tout en étant plus rapide. » Le parc comporte par exemple trois semoirs pneumatiques et six planteuses pour les pommes de terre, les salades, les poireaux, les oignons et céleris, un modèle pour légumes en mini-mottes et un autre à godets pour les petites séries.
Un suivi quotidien des cultures
« Le matériel absorbe l’essentiel des investissements, de 200 000 à 400 000 € selon les années », confirme Michel. Les frères Horrenberger pratiquent le faux semis, le désherbage thermique et le binage. Sous leurs 8 600 m² de tunnel comme en plein champ, ils espacent leurs plants afin qu’ils soient bien ventilés. « C’est la clé contre le mildiou », insiste Michel. Ils complètent par un programme de traitement préventif où le cuivre est remplacé par des huiles essentielles (décoction d’orange, mélange à base d’ail ou encore purin d’ortie) qui assèchent et freinent le champignon. « Le suivi des cultures est quotidien. Notre programme peut changer deux à trois fois dans la journée en fonction de la météo ou des commandes », précise Michel.
L’irrigation sécurise les rendements des parcelles de légumes à un niveau quasi identique que celui en conventionnel. En utilisant des tunnels qui prolongent les récoltes jusqu’à la mi-décembre, en stockant en chambre froide, en palox, voire en silos couverts au champ, la ferme Horrenberger a des légumes à vendre toute l’année. « Les écarts de tri sont réduits. Nous valorisons toute notre production, quel que soit le calibre », commente Michel. Les céréales sont cédées au Moulin des moines, un spécialiste du bio dans le Bas-Rhin, et le soja à Taifun, un industriel allemand leader dans les plats à base de tofu bio.
Le développement de la production est allé de pair avec celui des circuits commerciaux. Jean-Paul a commencé par vendre sur les marchés, à écouler 300 paniers par semaine auprès de salariés sur leur lieu de travail et à approvisionner la coopérative Solibio, un fournisseur de la restauration collective. Ses fils ont ajouté le MIN de Rungis, un grossiste à Cavaillon et cinq magasins Côté nature à Strasbourg (trois points de vente), Colmar et Belfort, gérés par deux autres de leurs frères et trois de leurs sœurs. Ce réseau local et national permet aux produits de la ferme de voyager dans tout l’Hexagone. « Nous avons une demande pour produire davantage, remarque Michel. Mais notre finalité est d’abord de préserver la qualité qui fait notre renommée. »
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