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Heureux sur 100 hectares de céréales Heureux sur 100 hectares de céréales

François Languille a mis en place un système d’intensification faible des grandes cultures qui lui permet de vivre de son métier, tout en préservant sa vie de famille.

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François Languille est un céréalier heureux. En Beauce, à Pithiviers-le-Vieil (Loiret), il cultive 100 ha de grandes cultures et de betteraves. « Cela suffit pour répondre à mes besoins et à mon mode de vie », dit-il.

À cinquante-trois ans, François a réalisé son rêve : « Je suis allé là où je voulais. Maintenant, je veux pérenniser la ferme et la garder à cette taille. » Après des années comme salarié, technico-commercial pour des coopératives et négoces, et technicien de semences, il reprend la ferme familiale. La polyvalence du métier d’agriculteur lui permet de s’épanouir. Tout d’abord, dans les itinéraires culturaux, puis dans la mécanique. Aujourd’hui, il est davantage intéressé par les cultures associées et la comptabilité-gestion. « Une analyse fine en matière d’investissement et d’assolement me permet d’être maître de mes décisions, confie le céréalier. Ma qualité de vie guide mes choix. »

Pas d’irrigation

Père de deux enfants, passionné de tennis, François a depuis longtemps renoncé à l’irrigation et au travail d’été qui l’accompagne. Un choix très particulier pour la région. « Mon choix de cultures est limité. Je privilégie la vie de famille », souligne-t-il. En effet, il ne produit pas de légumes de plein champ, de pommes de terre ou d’oignons, comme cela se fait dans le secteur, mais cultive 11 ha de betteraves, avec une moyenne de 75 t/ha, soit 800 tonnes par an. En irrigant, un tiers de cette surface suffirait pour obtenir le même tonnage. « Il y a des variations de rendements entre les années, de 45 à 100 t/ha. Mais je continue, car la marge de 1 850 €/ha est bonne. »

Malgré l’absence d’irrigation, François conduit une petite dizaine de cultures, pour minimiser les risques : blé améliorant, blé tendre, orge, colza, tournesol, betterave, pois, porte-graine de moutarde… Et il ne regarde pas que l’aspect économique. Il a implanté des pois, alors que la marge brute est deux fois moins élevée que celle d’un blé. « C’est essentiel pour gérer les graminées », souligne-t-il. L’agriculteur laboure certaines parcelles, d’autres non, en fonction du type de sol et du niveau de salissement. Malgré une rotation sur plusieurs années et des semis entre fin octobre et fin novembre, il doit faire face à des problèmes de désherbage, en particulier du vulpin. La résistance aux produits phyto et un IFT de 2,6, déjà bas, le poussent à se tourner vers d’autres méthodes, comme le désherbage mécanique ou les plantes associées.

Des cultures associées

Depuis cinq ans, François teste le colza (2,5 kg/ha), avec un mélange de lentille (10 kg/ha), fenugrec (5 kg/ha) et trèfle blanc (1 kg/ha). Le fenugrec et la lentille gèlent, le trèfle se développe. L’année prochaine, il demandera à un voisin de venir semer directement dans son colza. « Les techniques culturales simplifiées demandent de lourds investissements. Pour l’instant, je teste », ajoute-t-il. Les résultats sont corrects : les plantes associées ne concurrencent pas les rendements, le mélange a un effet perturbant sur les insectes, il laisse peu de place aux adventices et nourrit le sol. Le céréalier veut se lancer dans le tournesol associé avec du fenugrec. Il espère que l’odeur des graines va perturber les ravageurs comme les corbeaux, et améliorer ce précédent. « Le fenugrec est semé sur la ligne de tournesol et je fais un désherbage mécanique, à la bineuse, pour économiser des traitements, ajoute-t-il. L’économie de phytos compense les semences. »

Pour la fertilisation de fond, François épand un compost urbain de déchets verts et il suit les préconisations des reliquats azotés. Enfin, pas toujours, car l’agriculteur ne cherche pas « les derniers quintaux ». Son système « d’intensification faible » lui a permis d’être « plus résilient » que la moyenne face à la crise de 2016, selon son centre de gestion l’AS77. Néanmoins, son EBE a été divisé par deux.

Apiculteur amateur, François a planté des bandes enherbées autour de deux cours d’eau près de chez lui. Il a installé des nichoirs et travaille avec Hommes et territoires, une association locale qui œuvre à l’amélioration de la biodiversité sauvage. Il n’emploie plus d’insecticide de stockage, mais traite ses champs : « Se faire plaisir avec des pois, c’est une chose. Mais changer tout un système de production, c’est compliqué. Surtout quand tout va bien ! »

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