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Produire des plants de pommes de terre Produire des plants de pommes de terre

En dix ans, Arnaud Dedours a multiplié par deux la production sous contrat de plants de pommes de terre, afin de répondre à l’augmentation de la demande.

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«Mes parents se sont lancés dans les plants de pomme de terre en 1976, pour remplacer les vaches laitières. Le lait rencontrait déjà des difficultés », raconte Arnaud Dedours, qui s’est installé en 1993 sur une partie de l’exploitation familiale à Mouriez, dans le Pas-de-Calais. Depuis, la ferme s’est agrandie et l’agriculteur a poursuivi le développement de la production de plants au fur et à mesure des opportunités. En 2007, ceux-ci représentaient 47 hectares sur les 250 ha que comptait l’exploitation. Aujourd’hui, avec le soutien de son épouse Anne-Sophie, Arnaud en produit 90 hectares sur les 325 ha qu’il cultive, et le plant assure les deux tiers de son chiffre d’affaires.

Plusieurs générations de plants

« Cette production est aussi contraignante que l’élevage, estime l’agriculteur. Une fois la culture implantée, nous devons faire, chaque jour, le tour de toutes les parcelles, pour surveiller l’arrivée des pucerons. »

La production de plants d’Arnaud Dedours ne démarre pas dans les champs, mais sous serre. Le Comité Nord (lire l’encadré), qui gère la production de plants souches en laboratoire pour le compte des obtenteurs, lui confie chaque année des boutures de génération G0. Il les multiplie dans une serre de 500 m2, insect-proof, achetée en Cuma avec d’autres producteurs et installée sur sa ferme. « Nous poursuivons la production des générations suivantes : G1, puis G2, au champ, explique ce passionné de génétique. Je commercialise les plants à partir des G3 ou G4, selon les variétés. J’en produis, chaque année, pour le compte de sept ou huit collecteurs. En 2017, j’ai fourni vingt-cinq variétés. En 2007, les variétés libres, bintje en tête, assuraient 25 % de ma production. Je les vendais à des producteurs de pommes de terre de consommation. Aujourd’hui, leur part est tombée à 8 %, et celle des variétés sous contrat à 92 %. » La productionest technique, mais sans irrigation, car dans ce secteur, il pleut régulièrement. Les plants sont mis en terre à une densité de 75 000 pieds par hectare, trois fois plus qu’en consommation, car l’objectif est d’obtenir le maximum de petits tubercules.

Contre les pucerons

P our maintenir la qualité sanitaire des plants, il faut éviter à tout prix la transmission de viroses, donc la présence de pucerons. L’huile constitue une barrière physique aux insectes. Arnaud Dedours en applique à partir de la plantation, tous les trois jours, puis de façon plus espacée, en l’associant à un insecticide lorsque les pucerons sont présents. Le mildiou doit également être contrôlé. Pour déterminer la date de récolte, l’agriculteur surveille le calibre des tubercules. « Nous sommes épaulés sur le plan technique. La filière est bien organisée, estime-t-il. Mais il y a de nombreux types de contrats, et c’est plus d’un an après les avoir signés que l’on connaît notre prix de vente. Nous aimerions avoir plus de lisibilité sur les prix. Quand les cours sur le marché de la consommation sont élevés, on se demande pourquoi on continue à produire des plants ! Le produit par hectare est assez régulier d’une année sur l’autre, mais parfois, il est juste à l’équilibre. »

Le chiffre d’affaires en plants d’Arnaud Dedours est compris, selon les années et les variétés, entre 8 000 et 10 000 euros à l’hectare. Il était de 8 800 €/ha en moyenne en 2016. Mais la production nécessite de la main-d’œuvre. L’exploitation compte six salariés et demande de lourds investissements, en bâtiments, frigo et équipements. Dernières dépenses engagées : un bâtiment de 450 000 euros et l’achat d’un palettiseur.

Pour amortir ses équipements, l’exploitant les propose en prestation de services à des producteurs. Il a calculé le prix de revient des plants, avec amortissement des bâtiments sur dix ans, à 9 000 euros par hectare, légèrement au-dessus du chiffre d’affaires. Ce qui explique qu’il n’a pas dégagé de revenu en 2016, malgré un EBE très confortable. La mauvaise récolte en céréales n’y est pas non plus étrangère. « Je ne pourrais pas être céréalier pur, confie Arnaud Dedours. Le plant m’apporte beaucoup de contacts et de challenges à relever. » L’agriculteur étudie actuellement, avec un fournisseur, l’adaptation d’un trieur optique pour faciliter le calibrage.

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