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Du tabac de qualité pour se diversifier Du tabac de qualité pour se diversifier

Depuis qu’il a repris l’exploitation familiale maïsicole, Benoît Labouille poursuit un but : diversifier les cultures et optimiser l’entreprise.

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Fils d’agriculteur, diplômé de l’école d’ingénieurs agricoles de Purpan en 2000, Benoît Labouille a repris l’exploitation familiale en 2013, après treize années d’expérience professionnelle chez Offre et demande agricole (ODA), une société de conseil spécialisée dans la gestion du risque des prix des matières premières agricoles. Il est la deuxième génération d’agriculteurs de cette famille : son père a acheté ces terres en 1977 et, de toute sa carrière, il n’a jamais cultivé autre chose que du maïs. Si Benoît avait pu, il aurait continué de même. « Je connais tellement bien cette culture », justifie-t-il, un brin nostalgique. Mais, il était impossible de poursuivre cette monoculture de maïs, moins rentable et aux cours fluctuants.

L’ancien consultant a donc repris l’exploitation avec l’objectif de la diversifier, et s’est orienté vers des productions contractualisées : maïs semence dès 2013, colza semence, maïs doux et haricots verts à partir de 2014. « Ce sont des cultures avec peu de risque financier, mais très dépendantes des besoins industriels avec des prix indexés au maïs », note-t-il. Ainsi, en 2015, ses contrats maïs semence et haricots verts ne sont pas reconduits. Il s’intéresse alors à deux nouvelles cultures, inédites pour lui : le tabac et la patate douce.

« Après une étude de marché, la culture de tabac m’a paru peu risquée, rémunératrice, avec des débouchés pérennes, explique Benoît. Si, de manière globale, cette culture est en crise, il y a des niches de production intéressantes. En 2016, elle a sauvé ma campagne, car je n’avais aucune autre production contractuelle. » En effet, la demande de la SCA Tabac Garonne Adour (TGA) vers qui il s’est tourné est réelle. La coopérative cherche des producteurs pour alimenter sa filiale commerciale (Traditab), mais aussi des clients étrangers en quête de tabac de qualité. Autre élément déterminant, l’agriculteur achète tout son matériel d’occasion pour 30 000 €. « Il me fallait une planteuse quatre rangs, un enjambeur de récolte, six fours, du matériel de triage et de conditionnement. En neuf, l’investissement était de l’ordre de 130 000 € ! »

Les premiers hectares de tabac blond de Virginie sont plantés en mai 2015. La coopérative lui apporte son aide technique et son expertise. « On ignorait ce que cela donnerait dans des terres sableuses, raconte Benoît. Des archives du Groupement de recherche sur les cultures et techniques agricoles (GRCETA) des sols forestiers d’Aquitaine faisaient état de bons rendements, mais aussi d’expériences malheureuses dans les années 1980, dues à des problèmes de séchage et de qualité. »

Un tabac optimisé

Au final, le tabac pousse bien. Après la plantation début mai, l’irrigation est déterminante pour assurer une bonne reprise. La fertilisation azotée est également primordiale : contrairement à la pratique courante, l’agriculteur a opté pour des apports fractionnés (par pivot) tout au long de la saison (70 U au total). La récolte, qui démarre généralement en juillet, représente une grosse contrainte, car elle est manuelle et s’étale sur deux mois et demi. Du lundi au vendredi, trois cueilleurs effeuillent chaque matin de quoi remplir un four. Soit, à raison de 4 à 5 feuilles par plante, l’équivalent de 0,3 à 0,4 ha de tabac. Les feuilles sèchent ensuite pendant six jours. Chaque matin, une ou deux personnes trient et conditionnent également le produit sec. Il faut quatre passages échelonnés dans le temps pour ramasser toutes les feuilles à l’optimum de leur maturité. « Je ne peux pas être là tout le temps, alors j’ai fait le choix de former un chef d’équipe, souligne Benoît. C’est important pour organiser et optimiser le chantier de récolte. »

Petit à petit, la culture prend sa place dans l’exploitation. « Vu les résultats, je pourrais augmenter encore un peu les surfaces, confie l’agriculteur. Mais au-delà de 8 hectares, il faudra investir dans du nouveau matériel (fours et enjambeur). »

Pour l’avenir, il songe à implanter de nouvelles cultures contractuelles, production de semences (betteraves, tournesol) ou maïs pop-corn par exemple, au détriment du maïs grain. « Mon EBE est très fluctuant d’une année sur l’autre, selon les cultures contractuelles engagées. Mais le tabac a fait progresser mon excédent brut d’exploitation d’environ 40 000 €. Il représentera cette année un quart de mon chiffre d’affaires », conclut Benoît Labouille.

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