Palmipèdes gras : s’agrandir pour assure Palmipèdes gras : s’agrandir pour assurer l’avenir
Producteur et gaveur de palmipèdes gras, Patrice Lafoy va investir dans trois bâtiments pour combler la perte de production liée aux mesures de biosécurité.
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En 2015, avant le premier épisode d‘influenza aviaire, Patrice Lafoy, agriculteur à Saint-Mayme-de-Péreyrol, en Dordogne, produisait 36 000 canards. Aujourd’hui, avec les premières mesures de biosécurité, il ne dispose plus que de 6 000 places de canards prêts à gaver (deux bandes de 3 000), soit 30 000 palmipèdes produits à l’année. « Actuellement, la diminution de production est de l’ordre de 20 %, explique l’éleveur. Mais avec les nouvelles directives et la mise en place de la bande unique, nous allons tomber à 15 000. Cela se traduirait par une perte de chiffre d’affaires estimée entre 200 000 à 250 000 euros. Le canard représente 95 % du chiffre d’affaires de la ferme. Cette perte d’activité est inenvisageable. Cela mettrait en péril la survie de l’exploitation. »
Une épée de Damoclès
Les deux épisodes d’influenza aviaire ont laissé des traces, même si le département de la Dordogne n’a eu aucun cas avéré au printemps dernier. Et les indemnités de 58 000 € n’y changeront rien. « Nous avons une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Par chance, la période où il n’y a pas eu d’animaux a été limitée et le chômage technique des deux salariés a été réduit au minimum. Nous avons profité du vide sanitaire pour réaliser des travaux. Sur le plan économique, il y a un impact sur deux exercices comptables, 2015-2016 et 2016-2017, car notre bilan est arrêté au 31 mars. » En plus des deux salariés à temps plein, Patrice Lafoy travaille avec son fils Alexandre, âgé de vingt-six ans, associé salarié.
Ce n’est pas la première crise agricole que traverse cette exploitation familiale de 43,75 ha de SAU. « Historiquement, notre ferme produisait du lait et des fraises, explique l’éleveur. Avec l’apparition des quotas laitiers au milieu des années 1980, mes parents ont fait le choix d’arrêter l’activité laitière. Nous nous sommes lancés dans la production des palmipèdes gras dès le début des années 1990, au moment où la fraise subissait une importante chute des cours. »
Trois bâtiments de 600 m²
Aujourd’hui, Patrice Lafoy fait le choix de s’agrandir, tout en respectant les nouvelles mesures de biosécurité. « Mon projet porte sur la création de trois bâtiments d’élevage neufs de 600 m2 chacun, parfaitement aux normes. L’investissement est lourd : il s’élève à 470 000 € HT. Il y a quelque temps, nous avions entamé une réflexion pour agrandir et moderniser l’exploitation. Aujourd’hui, c’est une nécessité », estime Patrice Lafoy.
Toute la production de palmipèdes gras sous IGP Périgord est commercialisée par le groupe coopératif Palmigord-Terres du Sud. Les canetons arrivent à un jour. Ils sont élevés sur place pendant une période minimum de 82 jours et sont gavés pendant 12 jours, conformément au cahier des charges de l’IGP. Ils sont ensuite abattus dans deux abattoirs du groupe. « Je ferais peut-être un autre choix si mon fils n’était pas derrière moi, et si je n’avais pas mes salariés », ajoute l’exploitant. Il est accompagné dans son projet par la coopérative et la chambre d’agriculture de la Dordogne.
Les nouvelles règles imposent également aux éleveurs d’assurer, à l’avenir, l’hébergement de la totalité de l’élevage durant les périodes à risque, c’est-à-dire les périodes de migration au printemps et à l’automne. C’est ce qu’on appelle la claustration. « Si l’on veut mettre l’ensemble des animaux dans un seul bâtiment, du point de vue du bien-être animal, il faut diviser le nombre de canards par deux dans ce bâtiment, explique l’agriculteur. Si l’on veut conserver le même niveau d’activité économique, il faut donc investir. Il en va aussi de l’avenir de la filière IGP Périgord et Sud-Ouest, d’autant plus que la demande des consommateurs est croissante. »
L’éleveur périgourdin vient d’obtenir l’accord de son permis de construire. Son objectif est de démarrer au plus vite le chantier de construction des trois bâtiments. Patrice Lafoy et ses associés souhaitent qu’ils soient opérationnels dès le printemps 2018, pour limiter au maximum l’impact économique.
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