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Un système lait à comté autonome et opti Un système lait à comté autonome et optimisé

Les frères Colmagne ont comprimé les charges et amélioré la rentabilité de leur structure en lait AOP de taille modeste, tout en gardant du temps libre.

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Àleur installation, respectivement en 1987 et 1990, Jean-Claude et Christian Colmagne avaient déjà en tête de vivre de leur métier sans beaucoup s’agrandir, et de garder du temps libre. « L’exploitation familiale en lait à comté de 50 hectares, qui comptait 25 laitières, marchait bien. Nous avons repris 25 hectares en cultures et maintenu la taille du troupeau, par choix », expliquent-ils.

Les deux frères produisent du lait pour les AOP comté et morbier, avec peu d’intrants et une bonne efficacité économique. Le prix du lait dans cette filière est un atout. S’y ajoute une optimisation conduite de longue date sur l’exploitation, afin de minimiser les charges et gagner en autonomie, « pour être en cohérence avec nos objectifs, nos moyens de production et un environnement fragile : une zone Natura 2000 et de captage ». Les éleveurs analysent leurs pratiques régulièrement, s’entourent de conseils et se forment. « Nous avons progressé dans un cadre collectif en tant qu’adhérents, depuis toujours, au groupe de développement agricole (CRDA) Bresse-Val d’Amour. » Christian l’a présidé durant onze ans. Disposant de temps pour prendre chacun des engagements à l’extérieur, les deux pères de famille se libèrent aussi un week-end sur deux, toute l’année, et quatre semaines pour des vacances.

En 2000, ils ont pris le parti d’améliorer la marge lait en misant sur l’herbe. Dès lors, ils ont converti en prairies certaines parcelles de cultures. Sur celles-ci, les deux frères avaient déjà amorcé une baisse des engrais et des phytosanitaires, inspirée par des contraintes spécifiques sur 20 ha situés à proximité d’une zone de captage d’eau potable. « Vu l’intérêt économique de ces pratiques, nous les avons progressivement transposées à toute l’exploitation. Grâce au fumier et aux couverts d’intercultures, l’apport d’engrais minéral à la ferme est en moyenne de 50 unités d’azote par hectare et 30 unités de P et K. »

Pour sécuriser leur système fourrager, Jean-Claude et Christian mettent encore d’autres parcelles en herbe. « Ce fut le cas l’an dernier, pour faire face aux conditions climatiques, expliquent-ils. Nous avons ainsi eu assez de foin de qualité et nous avons maintenu nos résultats technico-économiques laitiers cet hiver. » L’alimentation est intégralement produite sur l’exploitation. Avec une exception : l’achat de 5 tonnes de luzerne déshydratée en 2015.

De l’herbe et du foin

La ration repose, durant près de six mois, sur le pâturage tournant et géré au fil. Pendant l’hiver, les vaches reçoivent du foin à base de luzerne (15 kg bruts/vache) et de la betterave fourragère (12-15 kg/VL). Ces rations de base, très bien valorisées, sont complémentées individuellement avec un mélange fermier d’orge et de maïs : 1 à 1,5 kg/jour/VL en été, et 4,5 kg/jour/VL en moyenne en hiver, soit en moyenne 205 g/litre de lait en 2015. « Nous ne distribuons pas de tourteaux, soulignent les éleveurs. L’herbe et le foin doivent donc être disponibles en quantité et qualité. »

L’essentiel de la fenaison est effectué, en quatre coupes annuelles, sur 5 ha où domine la luzerne (50 % du mélange), associée à des trèfles et des graminées. Conditionné en bottes de moyenne densité, ce foin est rentré rapidement, en conservant les feuilles, à 30 % d’humidité, puis séché dans le grenier sur caillebotis, situé au-dessus de l’étable. Un ventilateur y assure la circulation de l’air ambiant. « Il n’y a pas de chauffage : nous l’avons supprimé, car le coût du gaz est trop élevé », souligne Christian.

Les associés misent sur la simplicité et l’existant. Ils utilisent uniquement des bottes de moyenne densité, qu’ils jugent plus pratiques en hiver. « Nous les jetons du grenier dans l’étable et les distribuons manuellement, sans démarrer de tracteur », expliquent-ils, peu gênés par le travail physique que cela implique en été. Dans la même logique, les agriculteurs ont toujours veillé à demeurer au régime du forfait (micro-BA) et ont choisi de conserver la traite au pipeline dans l’étable entravée et de minimiser le parc matériel (lire encadré). « Le montant de notre capital n’est pas démesuré. Jean-Claude pourrait prendre sa retraite d’ici deux à trois ans. 80 0000 euros, hors bâtiments et foncier, seront alors à transmettre, ce qui est possible facilement, même hors cadre familial », estiment-ils.

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