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Rien ne se perd, tout circule Rien ne se perd, tout circule

Au Gaec du Buisson, les activités d’élevage laitier et allaitant, de grandes cultures, de pressage de colza ou de stockage et de séchage des céréales sont complémentaires.

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La ferme du Buisson dans l’Orne est un Gaec « hors cadre familial ». Nicolas Tison a pourtant bien reçu de son père l’exploitation de Saint-Fulgent-des-Ormes, mais l’agriculteur s’est ensuite associé avec deux personnes hors du cercle familial. « Je ne concevais pas de gérer l’exploitation à moi tout seul », dit-il simplement.

C’est ainsi qu’Arnaud Juglet a rejoint l’entreprise en 1997, en reprenant aussi une exploitation familiale. Il a été suivi, en 2008, de Laurent Etienne. L’arrivée de ce dernier s’est faite grâce au bouche-à-oreille. « À l’époque, le salarié de l’exploitation allait partir, raconte-t-il. Quant à moi, je travaillais pour la coopérative agricole Agrial. Je suis fils d’agriculteur et j’avais envie de m’installer. Je faisais partie du conseil municipal avec Nicolas et, de fil en aiguille, j’ai rejoint la ferme. »

Aujourd’hui, l’exploitation comporte 300 hectares, dont 60 ha de prairies, 240 ha de cultures avec 70 vaches laitières, 40 vaches allaitantes, ainsi qu’une unité de stockage et de séchage des céréales, dans un système que les exploitants identifient comme étant « autonome, économe et intensif ».

Les éleveurs ont mis sur pied un outil qui leur ressemble : ouvert, indépendant, autonome, diversifié et efficace, où tout circule, notamment les flux de matières entre les différents ateliers. Le fonctionnement s’approche des principes de l’économie circulaire (1).

Le Gaec du Buisson fonde ainsi, en partie, ses performances sur la complémentarité entre ses ateliers. Cela passe par la gestion des effluents d’élevage. « Avec le lisier issu des vaches laitières, le fumier des vaches allaitantes et du lisier de lapin issu d’un autre élevage, nous n’apportons quasiment jamais d’engrais de fond », indique Laurent, responsable des cultures aux côtés d’Arnaud. La presse à colza a été mise en place dans le but d’assurer un retour supplémentaire de l’atelier des céréales vers l’atelier animal.

Huile vendue en direct

« Avec les tourteaux gras issus du pressage, nous réalisons un aliment de ferme complet. La base est le maïs grain, que nous produisons également, et 45 % de concentrés azotés déshuilés, achetés à l’extérieur, précise Nicolas, le responsable élevage du Gaec. Nous transformons la totalité de notre production de colza, soit 60 à 70 tonnes par an. L’huile est vendue en direct. Nous n’en avons jamais trop. Nous l’écoulons, pour deux tiers, vers d’autres éleveurs qui fabriquent des aliments à la ferme. Le solde est vendu au détail pour l’alimentation humaine, ainsi qu’aux exploitants forestiers. Ces derniers n’ont plus le droit d’utiliser de lubrifiants d’origine minérale pour le graissage à huile perdue des tronçonneuses. » Le Gaec du Buisson a, par ailleurs, adapté son organisation pour recycler dans de bonnes conditions toutes les sortes de plastiques agricoles. Il récupère aussi l’eau de pluie dans une cuve, pour le pulvérisateur.

Pour que tout circule bien en son sein, le Gaec a développé un système assez indépendant de l’extérieur. Les exploitants sont autonomes pour la commercialisation de leurs céréales avec un investissement, depuis trois ans, dans une unité de stockage d’une capacité de 1 000 t et de séchage. « Le séchoir sécurise nos contrats en blé. En cas d’année délicate à la moisson, nous n’aurons plus à prendre le risque de sacrifier le poids spécifique (PS) pour attendre que les grains soient suffisamment secs », note Nicolas.

Les éleveurs stockent 80 % de cette production de blé, mais l’investissement a surtout été raisonné pour le maïs grain, qui recouvre 50 ha de la sole chaque année. « Notre objectif était d’améliorer sa valorisation par plus d’indépendance. En outre, notre facture de séchage se montait à 15 000 euros par an », complète Laurent. Pas question pour les associés de rapatrier la même facture de gaz sur l’unité de la ferme. C’est pourquoi, la cellule séchoir fonctionne aux plaquettes de bois fermières. « Appuyés par un plan de gestion durable, nous avons donné une valeur économique à nos haies ! » se félicitent les associés.

(1) Principe de production « durable et renouvelable » qui s’oppose au principe « extraire, fabriquer, jeter ». Il vise à améliorer l’utilisation des ressources en réinjectant produits et coproduits au mieux dans le cycle de production lui-même ou dans d’autres secteurs productifs et, au pire, dans des filières de recyclage.

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