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Productrice d’œufs, un choix de vie Productrice d’œufs, un choix de vie

Lydie Boussin s’est lancée dans les poules pondeuses il y a trois ans. Elle reste enthousiaste malgré les embûches.

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Pour rien au monde, elle ne changerait de métier. Éleveuse de poules pondeuses depuis trois ans à Pers-en-Gâtinais (Loiret), Lydie Boussin est arrivée par hasard dans ce domaine. « Un soir, en rentrant du travail, j’ai trouvé un prospectus sur ma table de salle à manger. Agralys-Thoreau, un fournisseur d’aliments, recherchait des éleveurs de poules pondeuses en plein air. Je me suis dit : pourquoi pas moi ? » La jeune femme, alors salariée de la coopérative de Pithiviers, a envie de voler de ses propres ailes. Elle visite un élevage et le centre de conditionnement CDPO (1). Soutenue par Cédric, son mari, lui-même agriculteur, elle se lance dans l’aventure.

Elle a la formation nécessaire, un BTS Acse. « Enfant, je voulais être fermière ! Mais mes parents n’étant pas du milieu agricole, ce n’était qu’un doux rêve… Heureusement, ils m’ont laissé faire des études dans ce secteur », se félicite Lydie. Son mari lui met à disposition une parcelle pour construire son bâtiment. En novembre 2011, le permis de construire est accordé. Mais à la veille de la construction, en mars 2012, le chantier est bloqué. Des voisins attaquent le projet au tribunal administratif. « Personne n’était venu nous voir et je n’ai pas compris leur acharnement. » Soutenue par la profession, elle organise une réunion publique pour expliquer son projet. Les retours sont positifs, mais les voisins mécontents n’y assistent pas. C’est l’impasse. « Nous avons alors décidé d’effectuer un échange de parcelle et déplacé le poulailler de quelques mètres. » Lydie remonte tout le dossier administratif et débourse à nouveau 40 000 € pour le terrassement. La production démarre en septembre 2013, alors qu’elle s’est installée deux ans plus tôt et qu’elle rembourse déjà son prêt JA de 400 000 €. Avec du recul, ce compromis s’est « avéré être une bonne solution. C’est mieux ainsi et tout le monde est ravi », précise avec indulgence la jeune femme de 35 ans.

Lydie accueille son premier lot de 6 000 poules, ses « fifilles » comme elle dit, et tout se déroule à merveille. Le taux de ponte est de 90 %. Mais le deuxième lot est catastrophique. « J’ai perdu tout ce que j’avais gagné ». Lydie fait une erreur dans la gestion de la lumière, les poules se déplument et mangent énormément, 20 g de céréales de plus par jour, soit 45 tonnes sur un lot de 11 mois. À 520 €/t d’aliments bio, cette différence de quelques grammes lui coûte 23 400 € !

Maman poule

« Je me suis vraiment demandé si j’avais bien fait de me lancer. Je n’avais personne pour m’aider dans le secteur. J’ai finalement changé de fournisseur d’aliments. Même si le technicien est à plus de 200 km, ses conseils sont précieux. » Lydie vend ses œufs à CDPO. Au lancement du lot, il faut attendre deux mois avant d’être payé, cela nécessite une certaine trésorerie. Lydie opte pour des prêts à court terme. Elle arrive à se payer 1 300 € par mois, depuis la première année d’activité. À la fin de chaque lot, elle vend une partie de ses poules vivantes. Grâce à des petites annonces sur Leboncoin ou Facebook, elle arrive à en placer plus d’un tiers. Le reste est transformé en rillettes.

Le troisième lot réserve sa surprise. Lydie est enceinte. Qu’à cela ne tienne ! Elle utilise le service de remplacement pour embaucher deux agents pendant son congé maternité. « Ma mère et ma belle-mère se sont occupées de l’élevage. Tout s’est très bien passé. C’est vraiment un service très utile. » Avec trois filles, Lydie apprécie d’autant plus son métier qu’il lui permet de concilier vie privée et vie professionnelle. Le couple s’impose une semaine de congés pendant l’été, toujours en utilisant le service de remplacement.

Après trois ans d’installation, Lydie ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Elle cultive 600 m² de safran, et souhaite doubler la surface cette année. Elle a également planté des arbres fruitiers dans le parcours des poules, en majorité des pommiers à cidre. « J’aimerais développer un laboratoire de transformation et incorporer ma production de céréales dans l’alimentation des poules. Notre métier permet d’avoir plein de projets. Quelle chance on a ! » se réjouit-elle.

(1) Conditionnement, distribution et production d’œufs (Marne).

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