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Cuirs de veau Opération de séduction ratée

Plusieurs acteurs de la filière du cuir ont pris la parole lors du symposium international de la filière du veau, le 25 avril dernier. Ils ont exhorté les éleveurs à soigner la qualité des peaux de leurs animaux, sans envisager de rétribution financière.

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« En 2016, la filière du cuir a dégagé un chiffre d’affaires de 25 milliards d’euros, dont 10 à l’exportation, a introduit Franck Boelhy, président du Conseil national du cuir. C’est une filière stratégique pour la France, qui participe à son rayonnement à l’international. »

 

« Sur 1,5 million de peaux de veau collectées, 20 % répondent aux critères de qualité de l’industrie du luxe et seulement 5 % sont du super premier choix, constate Denis Geissmann, président du Syndicat général des cuirs et peaux. Or, les abattages ont beaucoup diminué alors que la demande en peaux de qualité est très forte. »

 

Faisant suite à ce constat de déséquilibre entre offre et demande, les différents intervenants se relayent pour présenter au public l’origine des défauts généralement relevés sur les peaux, ainsi que les actions de corrections envisageables.

 

« L’interprofession a investi 19 millions d’euros dans des opérations de sensibilisation des professionnels et aujourd’hui, ce sont les intégrateurs qui financent les vaccins contre la teigne, explique Franck Boelhy. Nous sommes au symposium pour convaincre de l’intérêt collectif de la démarche. »

Où est l’intérêt des éleveurs ?

Selon Christophe Dehard, responsable des ventes du 5e quartier chez SVA Jean Rozé, « l’éleveur a tout à gagner [à prendre des mesures pour améliorer la qualité des peaux], car des veaux protégés profitent mieux ».

 

« Économiquement, rien ne nous incite à prendre soin du cuir, réagit une éleveuse. Est-il possible d’envisager une valorisation des peaux de qualité auprès de l’éleveur, sous forme de contrat par exemple ? » Christophe Dehard réplique : « Il faut un système de traçabilité pour cela. Et s’il y a bonus, alors il y aura malus. » La technologie laser est évoquée comme solution possible pour tracer les peaux, mais dans le but « d’accompagner l’éleveur dans l’amélioration » et non pour permettre un retour financier individualisé.

 

Jean-Christophe Müller, président-directeur général des tanneries Haas, préfère botter en touche : « Les tanneurs achètent plus cher les peaux de qualité. Ce qui est fait de l’argent en plus n’est pas de leur ressort. La discussion doit avoir lieu dans l’interprofession. »

 

Personne n’évoque le fait qu’un cuir de bonne qualité en sortie de tannerie se valorise cinq fois plus cher qu’un cuir de bas de gamme. La présentation se termine sans qu’aucune véritable réponse ne soit apportée aux quelques éleveurs ayant pris la parole.

 

À la sortie de la salle, les commentaires vont bon train. « Nous avons bien compris le problème de pénurie rencontré par la filière du cuir et les différentes façons d’améliorer les peaux, explique Nicolas Mouysset, éleveur de veaux d’Aveyron & du Ségala. Mais la seule solution est d’aller vers une traçabilité complète et une rémunération du travail supplémentaire fourni par l’éleveur. En 2017, ça ne doit pas être impossible de mettre en place une telle traçabilité. Je vois mal comment on peut impliquer les éleveurs autrement. »

 

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