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Thierry Desquiens, 40 ans, élevage de bo « Je me suis battu pour revenir sur l’exploitation »

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« Le 1er février 2017, j’ai perdu ma main. J’ai tout de suite pensé que le métier d’agriculteur était fini pour moi. Les médecins ne croyaient pas non plus à un retour sur l’exploitation. Seule mon épouse (et associée), Lucile, a gardé le moral : « Je vais tenir et toi, tu vas revenir ! », me répétait-elle. Ma femme a été incroyable, elle est mon plus grand moteur. Notre petite dernière avait huit mois et le grand 5 ans et demi, quand l’accident est survenu.

Ce jour-là, je changeais le tapis de la peseuse à pommes de terre. Je l’avais débranchée. Quand j’ai remis l’électricité, tout fonctionnait. Puis, j’ai voulu remettre le capot de protection sur la grosse chaîne de la machine. Mais mon coude ou le bas de mon poignet a touché l’interrupteur et la machine s’est subitement mise en route. J’ai lâché le capot et me suis agrippé à la chaîne, ma main a alors fait le tour du pignon. Ma première opération a duré 27 heures. De très nombreuses autres ont suivi. Ça a été très long.

De son côté, Lucile a repris en main la totalité de la transformation à la ferme. Pour la vente, elle a fait appel au service de remplacement, et nous avons embauché le fils d’un de nos voisins agriculteurs, qui a pris la production en charge. Nous avons aussi été accompagnés par la MSA et l’Agefiph. En effet, on a beau avoir envie de continuer, sans les moyens techniques, financiers, physiques et psychologiques, on ne peut pas.

En novembre 2019, j’ai repris le travail. Thierry Petit, conseiller en prévention des risques professionnels à la MSA Nord-Pas-de-Calais, m’a suivi dès le départ. Ensemble, nous avons cherché à adapter au mieux cette nouvelle main. J’ai essayé un gant bionique par exemple, mais les essais n’étaient pas satisfaisants. J’en teste de nouveaux régulièrement. Nous avons aussi regardé la façon d’agencer chaque poste de travail. Une ergonome est venue passer plusieurs jours sur la ferme. Par ailleurs, j’ai investi dans un télescopique. Ma main me fait encore souffrir. Mais malgré les coups durs, je me réjouis de m’être battu avec Lucile pour revenir sur l’exploitation. Ça en valait la peine. » Rosanne Aries

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