2. L’innovation en groupe 2. L’innovation en groupe
Les agriculteurs du réseau Dephy, qui expérimentent des techniques économes en produits phytos, ont des coûts de production plus bas que la moyenne.
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Plusieurs agriculteurs de l’Aube et de la Haute-Marne faisant partie du réseau Dephy ont participé, fin 2017, à une formation sur l’analyse de leurs coûts de production. « Cette formation leur permet de se situer par rapport aux autres agriculteurs de leur région. L’objectif est également de prendre du recul sur leurs pratiques, de repérer les marges de manœuvre et d’établir un plan d’action concret », explique Jeanne-Marie Labrosse, ingénieure au réseau Dephy.
De 190 à 500 €/ha pour la mécanisation
De façon générale, il ressort que les agriculteurs du réseau ont des charges d’exploitation plus basses que la moyenne de référence. « Mais il y a des marges de manœuvre sur différents postes selon les exploitations », précise Jeanne-Marie Labrosse. Par exemple, les charges de mécanisation en 2016 pour les six agriculteurs de ce groupe Dephy s’étalaient de 190 à 500 €/ha, pour une moyenne locale de 450 €/ha.
Concernant les charges opérationnelles du blé tendre, la moyenne des agriculteurs Dephy était de 350 €/ha, contre 460 €/ha pour la référence locale. La diminution est visible sur tous les postes (semences, engrais, produits phyto), excepté les insecticides. « Sur ce point, les agriculteurs soulignent la difficulté d’évaluer la robustesse des cultures face aux insectes ravageurs, notamment celle du blé par rapport aux pucerons, et de raisonner les interventions, poursuit l’ingénieure. Certes, il existe des leviers bien connus, comme retarder la date de semis, mais cela ne peut pas être appliqué sur toutes les parcelles. En outre, on manque d’adaptation des seuils d’interventions dans les systèmes de cultures agroécologiques. »
Plusieurs leviers sont à actionner afin de diminuer ses charges opérationnelles. « La marge de manœuvre reste limitée si l’on se focalise uniquement sur l’optimisation des charges phyto, par exemple. En revanche, plus on diversifie et cumule les leviers agronomiques, plus il sera possible de jouer sur la chimie. De plus, la maîtrise des charges à l’échelle de la culture est dépendante des choix que l’on fait sur le système global. » Pour Jeanne-Marie Labrosse, il est nécessaire de travailler avant tout sur la robustesse de son système de culture.
Le nombre d’applications d’herbicides est un bon exemple de poste qui se gère à l’échelle du système et non uniquement à celle de la culture. Grâce à une bonne gestion de l’implantation, un allongement de la rotation et beaucoup d’observations, certains agriculteurs réussissent, par exemple, à ne réaliser qu’un seul antidicotylédone sur blé par an. De même, en utilisant des variétés tolérantes à la verse, avec des doses de semis et d’azote raisonnées, l’impasse sur les régulateurs est possible sur certaines exploitations.
Un seul fongicide par an
« Concernant les fongicides, la plupart des agriculteurs réalisent deux voire trois passages sur le secteur. Grâce à la combinaison des pratiques agronomiques et un suivi de parcelles rigoureux, certains réussissent à n’en faire qu’un ! », poursuit Jeanne-Marie Labrosse. Les doses d’engrais utilisées varient beaucoup entre les agriculteurs du groupe. « Les apports d’azote minéral vont de 144 à 218 u/ha. Évidemment, les potentiels diffèrent mais l’écart reste important et offre d’intéressantes pistes de travail. »
Pour les agriculteurs, la fabrication de semences de ferme revient souvent comme moyen de réduire ses charges. En 2017-2018, 54 % de la surface française de blé tendre d’hiver devrait être semée avec des semences de ferme, selon un sondage réalisé en septembre par l’institut ADquation. Le pourcentage s’élève à 60 % dans le centre de la France.
La force du groupe
Les groupes d’agriculteurs innovants sont nombreux : associations, GDA, Ceta… La discussion entre eux permet non seulement de s’évaluer par rapport aux autres mais aussi de prendre du recul sur ses pratiques. Et de voir l’émergence de techniques nouvelles et économes. Comme dit le proverbe : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin. »
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