1. Les coûts de production baissent en F 1. Les coûts de production baissent en France
Les charges de production du blé sont en baisse mais de gros écarts de compétitivité sont observés entre les exploitations.
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«Connaître ses coûts de production permet de cibler les leviers à activer pour améliorer ses charges », explique Didier Petit, conseiller d’entreprise à la chambre d’agriculture de Haute-Marne. En quatre ans, il a formé environ 200 agriculteurs à l’analyse de leurs coûts de production. Il constate une grande variabilité entre les producteurs car, au-delà des postes techniques, la rémunération de leur main-d’œuvre et de leur capital peut faire fortement pencher la balance.
Des exploitants plus pointus
Cette grande variabilité se retrouve dans les données issues de l’observatoire Arvalis-Unigrains, d’après celles de CerFrance. Cette étude montre que l’écart de compétitivité entre les exploitations se creuse d’année en année : la dispersion des coûts de production du blé tendre aurait augmenté de 25 % en dix ans. « Sur les trois dernières années, un écart de 100 à 125 €/t est observé entre les 20 % les plus faibles et les 20 % les plus élevés », précise Arvalis. « En ce qui concerne les charges de mécanisation par exemple, les coûts varient du simple au triple, poursuit Didier Petit. La plupart des agriculteurs se situent entre 400 et 500 €/ha. Certains réussissent à descendre entre 250 et 300 €/ha, grâce au semis simplifié, à la mise en commun et à un faible parc matériel. Toutefois, descendre en dessous de 200 €/ha reste compliqué car les charges de récolte ne sont pas totalement compressibles. »
Globalement, la diminution des charges complètes du blé tendre semble se confirmer depuis quatre ans en France (voir graphique). Selon l’observatoire Arvalis-Unigrains, elles étaient en moyenne de 1 510 €/ha en 2017, contre 1 764 €/ha en 2013, en incluant la rémunération de l’agriculteur, les cotisations sociales et la rémunération des capitaux propres.
Entre 2016 et 2017, Arvalis estime cette diminution à 85 €/ha, principalement grâce à la baisse des charges opérationnelles. « C’est notamment celle du prix des engrais azotés qui a contribué à la diminution des charges opérationnelles », précise Benoît Pages, d’Arvalis. L’utilisation de moins de fongicides en 2017 a également entraîné une baisse des charges phytos. De façon générale, « il y a une tendance à voir des agriculteurs de plus en plus pointus, qui vont optimiser l’emploi des produits phyto », observe Didier Petit. Les charges de mécanisation s’érodent également. Cette diminution serait en partie due au désinvestissement. En 2012, lorsque les prix étaient élevés, les agriculteurs ont beaucoup investi, ce qui n’est pas le cas ces dernières années.
Calculer son seuil de commercialisation
Les formations comme celles qu’anime Didier Petit permettent, au-delà de la simple analyse des coûts de production, une réflexion plus globale sur la stratégie d’exploitation. « L’agriculteur est maître de ses choix, de ses investissements et ceux-ci vont impacter sa rentabilité à long terme », analyse-t-il. Didier Petit conseille aux agriculteurs de calculer leur seuil de commercialisation, qui est le niveau à partir duquel tous les frais engagés sur l’exploitation seront couverts par la vente. Cet indicateur se calcule en additionnant les charges opérationnelles (intrants), les charges de structure (fermage, charges salariales, MSA, mécanisation, assurances…), les annuités d’emprunt et la rémunération privée. Les amortissements sont exclus du calcul et les aides Pac sont déduites. Le résultat est divisé par le rendement visé. « L’année 2016, avec ses rendements bas, a été révélatrice de ceux qui étaient à l’équilibre ou non, note Didier Petit. Le seuil de commercialisation est un indicateur de performance et de résilience. »
Cet indicateur est peu utilisé par les chefs d’entreprises agricoles. « J’ai commencé à calculer mes seuils de commercialisation seulement après avoir fait une formation sur les marchés à terme, témoigne Christophe Naudin, agriculteur dans l’Essonne. C’est une notion qui devrait être enseignée au cours des études agricoles ! » Président de l’Apad (Association pour la promotion de l’agriculture durable) Sud Bassin parisien, cet exploitant a diminué ses charges en changeant de système et en passant notamment au semis direct sous couvert. En diminuant les coûts de mécanisation et les intrants, son seuil de commercialisation du blé se situe désormais sous son prix de vente. « Ce seuil est un indicateur qui permet à l’agriculteur de se dire que, lorsqu’il vend à ce prix-là, il équilibre ses comptes », complète Didier Petit.
Comme son nom l’indique, le seuil de commercialisation invite aussi à connaître et étudier les différents modes de commercialisation permettant de défendre son revenu. « Optimiser sa production, c’est une chose, mais il faut aussi savoir vendre au meilleur prix », résume Christophe Naudin. Avant d’ajouter : « J’espère quand même que les prix remonteront ! »
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