Bordeaux : faut-il craindre les achats c Bordeaux : faut-il craindre les achats chinois ?

Quelque 140 châteaux bordelais sont aujourd’hui sous pavillon chinois, soit 3 600 ha et 3 % du vignoble. Cela n’inquiète nullement Bernard Artigue, viticulteur, président de la chambre d’agriculture de Gironde et coprésident de l’association viticole franco-chinoise : « Nous avons une culture de l’ouverture car le bordeaux s’exporte beaucoup. »

La Chine, justement, absorbe un quart des exportations. Grâce notamment aux Chinois ayant investi dans le vignoble. Beaucoup produisent surtout pour leur marché national, où le vin est vendu six à dix fois plus cher, explique Laurent Chu, le technicien qui suit plusieurs domaines chinois. Ils y ont d’autant plus intérêt que leur coût de production a tendance à être élevé, notamment à cause de la main-d’œuvre, n’étant eux-mêmes pas sur place.

Ayant la possibilité de bien vendre en Chine les stocks de vin des châteaux achetés, ils n’ont pas chipoté sur les prix d’acquisition. Leur arrivée a empêché les tarifs du foncier de descendre, à une époque où le Bordeaux était en crise, évinçant peut-être quelques candidats à l’installation. Mais « en exportant en Chine, ils y ouvrent des canaux de distribution qui bénéficient aux viticulteurs d’ici, souligne Bernard Artigue. Ils font un bon travail de promotion. Et ce sont nos premiers défenseurs contre les contrefaçons ! »

Si ces investisseurs sont bien accueillis, selon lui, c’est aussi parce qu’ils « ne cherchent pas à renverser notre modèle mais à le prolonger. En s’offrant un domaine, ils achètent un peu le modèle familial. » Ce qui n’est pas forcément le cas de toutes les acquisitions étrangères. Le sujet est aussi moins sensible parce que « le vin est un produit de plaisir, qui ne touche pas à la sécurité alimentaire, reprend-il. Et les acquisitions en vigne portent sur de petites surfaces, qui ne bouleversent pas l’aménagement du territoire. »

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