Nuisibles La lutte devient high-tech
La pression des nuisibles augmente chaque année, tandis que les solutions à la disposition des agriculteurs sont de plus en plus réglementées . Aujourd’hui, priorité est donnée à la prévention plutôt qu’à la destruction. C’est du côté des nouvelles technologies qu’il faudra se tourner pour la lutte finale.Par Hélène Chaligne, Tanguy Dhelin, Céline Fricotté, Vincent Gobert et Corinne Le Gall
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Aplumes ou à poils, les espèces dites « nuisibles » posent des problèmes récurrents en agriculture. La lutte se complexifie, avec une offre en solutions chimiques (corvicide, raticide…) qui se réduit. Il faut dire que ces spécialités ne présentent pas toujours des profils environnementaux satisfaisants (anticoagulant) et peuvent toucher d’autres espèces non ciblées. Ainsi, contre les campagnols reste la bromadiolone, dont l’utilisation est très réglementée et mise en œuvre dans le cadre d’une lutte raisonnée.
Les répulsifs chimiques (corvifuges) présentent souvent des effets limités. « En cas de très fortes attaques, les traitements de semences ne protégeront pas les maïs », informe Nathalie Robin, d’Arvalis. Les oiseaux, corvidés en tête, peuvent décortiquer les graines ou simplement les déterrer et, s’ils sont gênés par le traitement, les laisser au sol. Sur tournesol, plus aucune solution n’est disponible.
Sur les grandes cultures, les spécialistes insistent sur la mise en œuvre, si possible, de semis groupés et dans de bonnes conditions, pour permettre une levée rapide. Ainsi, les dégâts occasionnés par les oiseaux seront dilués et donc moindres.
Capacité d’adaptation
Côté effaroucheurs sonores de type Tonnefort, il est essentiel de ne pas les mettre en place trop tôt et de les déplacer régulièrement. Il faudra également suivre la réglementation (code la santé publique et éventuellement arrêtés municipaux ou préfectoraux). Ces derniers limitent le nombre de détonations, interdisent le fonctionnement de nuit, la mise en place près des habitations…
Un autre point sur lequel s’accordent les instituts techniques pour trouver des solutions efficientes, c’est l’étude du comportement des bêtes. Les données manquent terriblement à propos de leurs besoins alimentaires, leurs déplacements, les dates et périodes de reproduction… Si l’évolution des pratiques agronomiques mais aussi des paysages a un impact sur les populations de « nuisibles », les espèces présentent une réelle propension à s’adapter à de nouveaux environnements.
Dans le cas du pigeon ramier, la population a explosé ces dernières années. Ceci serait « lié au développement d’une population sédentaire, phénomène attribué à l’augmentation des surfaces de maïs en particulier, et favorisé par la succession d’hivers doux », estime le Muséum national d’histoire naturelle. De plus, sur le terrain, on constate que les animaux s’adaptent aux effaroucheurs… C’est pourquoi de nouvelles solutions sont mises au point et testées, avec de plus ou moins bons résultats. Si les clôtures électriques ne sont pas toujours efficaces contre le gibier, des espoirs reposent sur des solutions telles que les drones, pour détecter et prévenir les attaques de nuisibles, ou encore sur des pièges connectés pour les détruire.
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