Nutrition Nos animaux mangent-ils français ?
Par Valérie Scarlakens
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Chaque année, les animaux d’élevage en France engloutissent plus de 100 millions de tonnes de matières premières. Le poste alimentaire pèse lourd dans le coût de production (entre 60 et 80 %) et dans l’empreinte environnementale des produits animaux. À l’heure où les consommateurs interrogent davantage le contenu de leurs assiettes et rêvent d’une alimentation plus « naturelle » et locale, la durabilité des pratiques en matière de nutrition animale est de plus en plus questionnée.
À l’échelle de l’Europe, la France fait plutôt figure de bon élève en termes d’autonomie alimentaire. Les 20 millions de tonnes d’aliments composés fabriqués chaque année ne représentent que 19 % de l’alimentation animale, contre 32 % dans l’UE. Un bon score dû à un recours aux fourrages à hauteur de 70 %. Sachant que les fabricants d’aliments pour bétail (Fab) utilisent à 80 % des matières premières d’origine nationale, nos animaux mangent français à 95 %.
Dépendance protéique
Si les céréales et les coproduits, qui représentent 60 % des matières premières utilisées par les industriels, sont presque exclusivement d’origine française, la situation est tout autre pour les 30 % de matières premières riches en protéines (MRP). Les Fab importent majoritairement des tourteaux de soja en provenance des pays tiers et des tourteaux de colza et de tournesol européens. Les filières ne sont pas toutes au même niveau de dépendance protéique : les volailles arrivent en tête à 56 % d’importations, suivies par les bovins lait et viande à 45 et 39 %, et enfin les porcs à 19 %. Au global, les Fab français sont dépendants à hauteur de 42 %, un chiffre stable depuis 2006. Ce taux est relativement élevé et la filière travaille à le diminuer. Mais est-il nécessaire pour autant de le réduire à zéro ? L’autonomie à l’échelle d’une filière ou d’une exploitation est-elle un gage de durabilité ?
Pour Pierre Douard, éleveur laitier dans les Côtes-d’Armor, « l’enjeu n’est pas de se passer de soja mais de limiter son utilisation pour contenir le coût alimentaire global ». Chez les fabricants d’aliments, différentes stratégies coexistent. Pour certains, l’origine française du soja sécurise l’approvisionnement et répond à une demande croissante de leurs clients. Pour d’autres, la qualité ou le coût des matières premières passent avant leur provenance.
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