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1. Bréhat Microparcelles pour macroproje 1. Bréhat Microparcelles pour macroprojets

Impliqués dans la réflexion sur le futur PLU de l’île, François Le Tron et Marion Regler ne manquent pas d’idées pour semer de nouveaux projets agricoles.

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ÀBréhat, l’île aux fleurs et aux rochers roses, ancrée au large de Paimpol (Côtes-d’Armor), les sentiers passent encore parmi des parcelles agricoles disséminées ici et là. Plus nombreuses dans la partie nord de l’île, moins habitée, elles avoisinent parfois la taille d’un jardin. Elles rassemblent 80 ha au total, sur les 318 ha de superficie de Bréhat.

Quatre agriculteurs, dont deux producteurs de vaches allaitantes à temps partiel et deux maraîchers, auxquels il convient d’ajouter deux horticulteurs, font plus que résister. Les tracteurs qui circulent, y compris ceux faisant office de taxi, représentent l’essentiel du parc de véhicules, dans cette île sans voiture. Le tourisme aurait pu engloutir depuis longtemps l’agriculture, sans la volonté de la population de conserver le paysage avec le relais des élus, la commune étant en création de PLU. Et sans le volontarisme « militant » de François Le Tron.

À 57 ans, ce maraîcher producteur de fruits bio, installé en 1984, est depuis un an associé, avec sa compagne Marion Regler, dans le Gaec de Kervilon. Il est prévu d’intégrer deux nouveaux associés, avec un projet de transformation d’algues à l’appui.

François, autrefois « estivant », mesure plus que quiconque les contraintes foncières liées à l’insularité : « Hormis le corps de ferme que nous avons acquis, nous exploitons tout en location, le plus souvent sous forme de bail précaire et d’accords verbaux, explique-t-il. Compte tenu de leur taille, les parcelles échappent au statut du bail agricole, ce qui n’est pas sécurisant. Mais des gens nous proposent aussi spontanément des terres à exploiter. »

Besoin de regroupement

Sans parler de remembrement, un mot qui hérisse souvent le poil, le morcellement des parcelles dans une île comme Bréhat rend pressant le besoin de regroupement et d’échanges (lire l’encadré ci-dessous). Avec sept parcelles pour deux hectares, dont la plus grande de 6 000 m2, le Gaec de Kervilon est confronté à diverses contraintes logistiques : irrigation, filets de protection, surveillance du mûrissement et des maladies... François estime que de devoir aller « à droite et à gauche » représente une perte de temps d’environ 30 %.

Il en aurait fallu plus pour le décourager. Dans le cadre de la révision du PLU de Bréhat en cours, François et Marion ont fédéré leurs arguments pour que la place de l’agriculture dans l’aménagement foncier de l’île soit précisée pour l’avenir. « Qu’il s’agisse de fruits et légumes frais ou transformés, nous ne parvenons pas à répondre à la demande émanant des vacanciers et résidents. Et le potentiel de développement reste important. Nous estimons qu’à terme, l’agriculture pourrait faire vivre de manière réaliste et « sans forcer la dose » une vingtaine d’ETP (équivalent temps plein) », affirme François, calculs prévisionnels en main.

Le « grand blond » sait de quoi il parle, lui qui a démarré sans la DJA et qui contribue largement à la vitalité retrouvée de l’île. Les chiffres des ventes du Gaec le confirment : plus besoin « d’exporter sur le continent ». Aujourd’hui, les ventes sont pour l’essentiel réalisées sur place, entre le libre-service à la ferme, le marché du bourg ou l’approvisionnement des restaurateurs ou épiciers.

Composer avec les autres

Restent à régler quelques problèmes de voisinage : si les Bréhatins sont friands des bons produits du Gaec, tous ne sont pas prêts à voir un tunnel ou des bâches plastique sous leur fenêtre. Sur ce point, comme sur la création de petites infrastructures artisanales mises à disposition par la commune dans le cadre de futurs projets de transformation, le PLU a un rôle à jouer.

La pédagogie est un autre facteur à intégrer. François l’admet : dans un milieu aussi confiné, il faut savoir composer avec les autres usages, notamment paysagers, et ne pas seulement s’employer à défendre le point de vue du paysan. « De même, il est possible de réunir des intérêts et des compétences autour du traitement de la biomasse disponible sur l’île », complète François, qui nourrit l’idée d’une station communale de compostage, dont l’utilité serait très partagée. Elle répondrait aussi aux besoins des jardiniers et permettrait de mettre un terme au brûlis des déchets verts, encore pratiqué sur l’île.

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