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9. Des perspectives illimitées pour les 9. Des perspectives illimitées pour les applications agricoles

Suivre le développement d’un parasite dans une plante, analyser la qualité du lait ou repérer l’arrivée d’une maladie par mesure des gaz sont autant de solutions offertes par les outils connectables sur les smartphones. Reste à améliorer l’accès au réseau.

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À écouter les intervenants du séminaire sur les smartphones en agriculture, organisé par la chaire AgroTic de SupAgro Montpellier le 25 avril dernier, on pourrait presque se croire dans un film de science-fiction. Pour Cyril Dumet, du CEA Tech, les smartphones actuels sont déjà capables de réaliser les analyses de gaz à des concentrations minimales ou des photos multispectrales, « mais ces capteurs très spécifiques ne seront jamais intégrés sur les appareils du commerce car ils n’ont aucun intérêt pour le grand public ». Selon ce spécialiste, les smartphones actuels possèdent une douzaine de capteurs et ce nombre pourrait passer à 20 d’ici 2021 mais toute évolution au-delà passera par des outils portatifs liés au smartphone.

Christophe Guizard, de l’Irstea, suit plus particulièrement le développement de l’analyse d’image. « Sur Smartphone, il est important de comprendre qu’on ne maîtrise pas le posttraitement de l’image. Seuls quelques appareils haut de gamme proposent des images brutes (en RAW) mais ils sont peu utilisés, explique le chercheur. Comme on ne peut pas agir sur l’image au niveau du capteur, les possibilités d’analyse des images générées par le smartphone sont relativement limitées. La seule solution pour progresser est d’ajouter un capteur connectable. »

Analyse d’image multispectrale

Selon Cyril Dumet, « la technologie permettant de voir l’intérieur d’une plante, par exemple pour repérer une larve de parasite, existe déjà. La première caméra avec ce type de capteur terahertz est actuellement en test et il faudra cinq ans pour la fiabiliser. L’étape suivante, qui est la miniaturisation pour en faire un capteur connectable pour smartphone, ira ensuite très vite. Les capteurs de gaz, capables de détecter l’émission d’une substance sécrétée par un végétal malade ou agressé par un ravageur, sont une autre voie de développement à destination des agriculteurs.

Laboratoire laitier portable

Les évolutions des capteurs pour smartphones concernent aussi l’élevage. Le contrôle laitier d’Ille-et-Vilaine propose, depuis septembre, un compteur instantané venu tout droit du Canada. Baptisé RT 10, l’outil affiche les données sur un iPhone à partir d’une cassette en plastique contenant du iodure de propodium. Il est utilisé depuis plusieurs années au Canada et aux États-Unis. L’éleveur prélève un échantillon de lait et le verse dans la cassette à usage unique. Cette dernière s’insère dans un appareil branché au dos de l’iPhone ou de l’iPod, sur lequel l’application est installée. En appuyant sur un piston, le lait se mélange avec le réactif pour briser les membranes cellulaires et ajouter la fluorescence. Une fois lancée, l’analyse affiche un résultat en moins d’une minute, le temps que le réactif agisse avec les cellules somatiques. L’application donne alors un score cellulaire, qui peut être envoyé à partir d’un iPod Touch ou d’un iPhone sous forme de rapport, ou servir au logiciel de gestion du troupeau.

Le meilleur smartphone équipé des capteurs les plus performants ne sert pas à grand-chose si l’accès au réseau 3G/4G est impossible sur l’exploitation et les parcelles. C’est un problème que rencontrent la plupart des agriculteurs. « Chez moi, il y a la 3G partout », explique Rémi Duméry, agriculteur star sur Twitter. Il y a SFR, Orange et Bouygues, mais jamais au même endroit. C’est ou l’un, ou l’autre, ce qui n’a vraiment aucun intérêt. »

Résoudre le problème des zones blanches

La réglementation impose un minimum de couverture en zones rurales à tous les opérateurs. L’Arcep, gendarme des télécoms, contrôle cette couverture et distribue les amendes aux mauvais élèves, comme SFR l’an dernier. « 22 000 communes doivent bénéficier de la 4G d’ici à fin 2017, explique Pierre Madillo, responsable de la recherche et du développement chez Orange. Cela se fait en concurrence entre les opérateurs. On prend des engagements sur des zones particulières. L’Arcep n’oblige pas une couverture totale pour chaque opérateur. » Selon l’Idate, le think-tank européen spécialisé dans l’économie numérique, les débits moyens varient ainsi de 6 Mbit/s (mégabits par seconde) à la campagne, contre 30 Mbit/s en ville.

Conséquence directe de ce problème de réseau : les développeurs d’applications ne passent pas nécessairement par une connexion directe mais embarquent les données. Une solution alternative qui pose le problème de la capacité de mémoire du smartphone, qui doit conserver un maximum d’informations entre deux connexions au PC. Le développement des solutions sophistiquées pour les smartphones agricoles passera aussi par une meilleure couverture en 3G et 4G en zone rurale.

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