Expérimentation Des bandes fleuries pour réguler les ravageurs des cultures
L’intérêt des bandes fleuries sur la biodiversité est reconnu mais ses effets sur les auxiliaires des cultures et les ravageurs restent à quantifier.
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Impliquée depuis plusieurs années sur les enjeux environnementaux, la station expérimentale de La Jaillière, à Loireauxence, en Loire-Atlantique, s’est dotée, en 2020, d’un dispositif « bande fleurie ». Ce projet vise à acquérir des références quantitatives de l’effet des bandes fleuries sur les auxiliaires et ravageurs des cultures. « Nous souhaitons que l’agriculteur puisse mieux se situer, en répondant à des questions comme : combien de mètres faut-il ? Quelles espèces implanter ? », souligne Stéphane Jézéquel, directeur scientifique chez Arvalis.
Une conduite raisonnée
Cette bande de 70 mètres de long est positionnée entre deux parcelles cultivées, conduites de manière raisonnée comme sur le reste de l’exploitation de la station. Le couvert est constitué d’un mélange de lin, sarrasin, fenugrec, nyger, chia, phacélie et aneth : des espèces choisies pour la complémentarité de leur période de floraison.
Le pot Barber est une méthode simple et peu coûteuse pour la collecte des auxiliaires du sol, comme les carabes. © C. Salmon
Plusieurs outils de suivi
Un certain nombre d’outils est utilisé pour le suivi des auxiliaires et ravageurs, sur la bande fleurie mais aussi sur les parcelles adjacentes pour évaluer l’effet de la distance : pots Barber pour les carabes, staphylins et araignées, pièges à limaces, aspirateur et tente Malaise pour les insectes volants. « Nous faisons appel à un laboratoire spécialisé pour l’identification des espèces car cela requiert une expertise fine », précise Véronique Tosser, référente biodiversité chez Arvalis. Évoquant la complémentarité des auxiliaires généralistes, comme les carabes, et des spécialistes, comme les syrphes, l’ingénieur rappelle néanmoins la nécessité de mobiliser un panel de leviers pour la régulation des ravageurs. « Les auxiliaires ne sont pas une solution magique », alerte-t-elle.
Pérenniser la bande ?
Cette question n’est pas encore tranchée pour Arvalis, en raison notamment des risques de salissement sur les parcelles voisines. « La bande fleurie doit bien s’insérer dans l’activité agricole, cependant dans l’idéal, oui, il faudrait pouvoir la maintenir sur plusieurs campagnes, sans avoir à ressemer chaque année », explique Alain Dutertre, responsable de la station. Les résultats de cette expérimentation ne seront disponibles que d’ici quelques années, ce qui permettra de prendre en compte la variabilité climatique. « Il s’agira, par ailleurs, de résultats territoriaux », signale Stéphane Jézéquel.
Charlotte Salmon
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