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Local et artisanal « Nous fabriquons des chips à la ferme »

Étienne Lemoine (à gauche) et André Vanlerberghe ont investi dans une ligne de transformation de chips à la ferme, dans une ancienne grange. Les deux associés commercialisent leur produit sous deux marques, « La Chips Française » et « Ferme de Coquerel ». © B. Cailliez

Les deux copains d’enfance ont eu l’idée de transformer les pommes de terre, produites sur l’exploitation familiale de l’un d’entre eux, en chips « 100 % françaises ».

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«Pendant nos études, nous étions en colocation et avions pris l’habitude de fabriquer des chips avec nos propres pommes de terre pour l’apéro avec les copains, expliquent André Vanlerberghe, 34 ans, et Étienne Lemoine, 33 ans, tous deux fils d’agriculteurs dans l’Aisne. À l’époque, nous avions pensé que ce serait une bonne idée de créer ensemble une fabrique de chips. »

Quelques années plus tard, après des études agricoles et un poste de commercial dans les semences pour le premier, une école de commerce et sept ans dans la grande distribution pour le second, les deux amis ont décidé de concrétiser leur projet. Ils se sont lancés, début 2019, dans la transformation en chips d’une partie des pommes de terre produites sur l’exploitation familiale d’Étienne, à Saint-Aubin, au nord de Soissons (Aisne). Le leader du marché, Lays, étant américain, ils ont fait le choix de la chips premium 100 % française, qu’ils ont appelée « La Chips Française ».

Les chips sont commercialisées sous deux marques, « La Chips Française » et « Ferme de Coquerel ». © B. Cailliez

Pommes de terre, huile et sel français

« Nous nous sommes installés dans un corps de ferme, situé juste à côté de l’exploitation, souligne Étienne. En plus des pommes de terre produites à la ferme, nous avons retenu de l’huile de tournesol française pour la cuisson, du sel Fleur des Deux caps, produit dans le Pas-de-Calais, et des emballages français. Un approvisionnement local est un gros avantage en termes de réduction de CO2. » Ils ont aussi fait le choix du 100 % naturel, sans arôme artificiel, ni colorant, ni conservateur.

La ferme est certifiée « Global Gap » pour la production de pommes de terre et les deux associés ont retenu la variété Lady Claire car elle est bien adaptée à la région et donne de bonnes chips. « Nous avons opté pour l’antigerminatif Dormir et une conservation entre 8 et 10 °C », précisent-ils.

Pour se faire la main, ils ont fabriqué leurs premières chips dans l’atelier d’un autre producteur. « Il fallait être sûrs de réussir à convaincre des clients­ », note Étienne. Les réseaux professionnels qu’ils avaient tissés les ont beaucoup aidés. « Nous avons franchi une nouvelle étape en 2020, en créant notre propre “chipserie”, indique André. Et nous avons recruté deux salariés à la production et un commercial. »

Création de la « chipserie »

La production est passée de 80 000 paquets de 150 g en 2019 à 200 000 paquets en 2020, soit 110 t de pommes de terre valorisées ainsi. Les chips sont vendues à un prix consommateur de 2,90 € TTC les 150 g, pour les deux tiers auprès de la grande distribution, le reste, dans des magasins de producteurs, épiceries fines, à la ferme, de même que sur internet.

Les deux amis ont investi près d’un million d’euros dans le projet. Le chiffre d’affaires est encore insuffisant pour leur permettre de se dégager un salaire. Ils espèrent pouvoir tirer une rémunération correcte à partir de 2022. Déjà, ils réfléchissent à d’autres produits, à base de pommes de terre, ou à des chips à base d’autres légumes.

Blandine Cailliez

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