Contenir la charge de travail Un temps de travail sous contrôle
Anne-Marie et Thierry Barré transforment le lait de leurs jersiaises depuis 2003. Efficient, leur système repose sur une gamme restreinte et quelques points de vente.
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Installés en 1996, bousculés par la crise du lait bio de 2002, Anne-Marie et Thierry Barré ont pris le virage de la fabrication dès l’année suivante. Au point d’y destiner aujourd’hui la majeure partie de leur production. « L’année dernière, sur 95 000 litres produits, 75 000 l ont été transformés à la ferme, et le reste livré à Biolait », précise Thierry. En agriculture biologique, le Gaec des Jersiaises a organisé sa gamme autour de trois produits : le fromage avec un choix de deux tommes – la Sainte-Anne, pâte non cuite et la Jersiaise, pâte mi-cuite –, le beurre et la crème fraîche. En 2019, l’ensemble a permis de valoriser 67 000 l de lait (25 000 l en tommes, 29 000 l en beurre et 13 000 l en crème). « En complément, nous vendons aussi du lait cru (3 000 l), des faisselles et du fromage battu (5 000 l) », précise Anne-Marie.
Responsable de la transformation, Anne-Marie y consacre vingt-cinq heures par semaine. S’y ajoutent treize heures pour la vente. © A. Mabire
Un seul marché
Concentrée sur la journée du vendredi, la commercialisation s’organise autour du marché des producteurs de la Ferté-Bernard. Situé à 25 kilomètres de l’exploitation, celui-ci réunit huit agriculteurs. « Nous le fréquentons depuis 2008, poursuit-elle. Avec une recette moyenne de 1 300 euros par semaine, il représente pratiquement les trois quarts de notre chiffre d’affaires. C’est notre premier débouché. »
Chaque année, 25 000 l de lait sont transformés en beurre et 13 000 l en crème. © A. Mabire
Anne-Marie et Thierry vendent aussi à la ferme, le vendredi après-midi, pour une recette hebdomadaire de 400 €. Tous les quinze jours, ils approvisionnent cinq Biocoop. Quatre sont situées au Mans, à 50 km, le dernier à la Ferté-Bernard. « Ces magasins constituent notre deuxième débouché et un quart du chiffre d’affaires », ajoutent-ils. Responsable de la fromagerie et des ventes, Anne-Marie y consacre respectivement vingt-cinq et treize heures par semaine : « Les matinées du lundi, mardi et mercredi sont réservées à la fabrication des tommes. Le jeudi matin, je m’occupe de la crème, du beurre et prépare les commandes. »
Dix-huit porcs sont élevés par an avec le petit-lait. © A. Mabire
Travaux par ETA
De son côté, Thierry, qui se charge de l’élevage et des cultures, a fait des choix « drastiques ». Basé sur l’herbe – qui représente 80 % de la SAU –, le système en place limite les travaux. L’exploitant s’occupe des foins, mais les autres tâches, en particulier celles liées aux cultures et à la récolte des céréales (12 ha), sont confiées à une entreprise de travaux agricoles : « C’est un choix que nous avons fait dès notre installation, pour limiter les charges mais aussi parce que je ne suis pas fan de mécanique. »
La monotraite, effective depuis douze ans, a été un autre choix majeur. « Il s’est fait assez simplement, explique Thierry. Avec la transformation, le lait était mieux valorisé. Nous avons alors décidé de réduire la production. Progressivement, il y a eu de moins en moins de lait à la traite du soir. À un moment donné, remettre l’installation en route pour si peu n’avait plus d’intérêt. »
La conduite du troupeau des trente-cinq jersiaises s’appuie sur une saison de pâturage qui commence, en règle générale, début mars, pour s’achever début décembre. L’hiver, les animaux sont mis à l’abri, mais la simplicité est de mise. « Pour le paillage, j’interviens tous les trois jours, par exemple, précise Thierry. Quant au foin, il est distribué tous les deux jours. »
40 heures par semaine et par UTH
Rigoureuse, cette organisation de la transformation et de l’élevage permet au couple de contenir la charge globale de travail. Au vu des relevés réalisés entre mars 2019 et mars 2020, chacun y consacre 40 heures par semaine, sur 47 semaines. « Pour un système avec transformation et vente directe, nous trouvons cela acceptable », confient Anne-Marie et Thierry, qui prennent, par ailleurs, dix jours de congés l’été et s’absentent trois fois cinq jours dans l’année. « L’idée étant de partir une fois par trimestre. »
En concentrant tous les travaux d’astreinte le matin, les associés disposent d’après-midis relativement calmes, en tout cas « exemptes d’activités à horaires fixes. Cela nous laisse du temps pour réfléchir à ce que nous pourrions encore améliorer sur l’exploitation, mais aussi pour les loisirs ou pour nos rendez-vous privés », apprécient-ils.
Anne Mabire
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