Valorisation Se diversifier et densifier l’emploi
À Fontenilles, en Haute-Garonne, Jonathan Kirchner élève des brebis tarasconnaises. Il s’associe à deux jeunes agricultrices pour varier l’activité de sa ferme.
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Jusqu’en décembre dernier, Jonathan Kirchner travaillait en Gaec avec Patrick, son père, qui avait repris la ferme du Garrousset, à Fontenilles, en 1983. Tous deux élevaient 450 brebis tarasconnaises, une race à viande montagnarde qui part estiver dans les Pyrénées début juin. « Il y a quelques années, mon père a modifié son cheptel pour avoir des brebis capables de passer l’été en montagne, raconte-t-il. Cela nous permet, pendant ce temps, d’assurer un vide sanitaire du bâtiment d’élevage, mais aussi de ne pas avoir les animaux en plaine, en période chaude et séchante. »
Fin 2021, Patrick a pris sa retraite. Jonathan, installé avec lui depuis plus de six ans, reprend désormais seul l’atelier ovin. « Je vais progressivement diminuer le nombre de mères à 350, afin de réduire la somme de travail, détaille-t-il. Nous avons aussi décidé de faire baisser la pression sur l’herbe de l’estive de Saint-Paul-d’Oueil, en Haute-Garonne, où nos bêtes pâturent avec huit autres troupeaux, et je ne vais pas garder 100 brebis sur l’exploitation en été. »
Après quelques jours en case individuelle pour renforcer le lien mère-agneau, les brebis sont placées en lots de 20, puis de 50 avec leurs petits.© Florence Jacquemoud
Circuits locaux
Le troupeau, 100 % bio depuis 2017, redescend des Pyrénées en octobre. Les agneaux, sevrés à 80 jours, sont engraissés et abattus lorsqu’ils atteignent 45 kg vifs. L’exploitant les amène à l’abattoir de Boulogne-sur-Gesse, au sud du département, puis confie les carcasses à l’atelier de découpe en Cuma de Montesquieu-Volvestre, d’où la viande ressort sous vide et étiquetée.
Les produits sont vendus en caissettes de 4 à 5 kg dans six Amap locales. Des particuliers achètent des agneaux vifs et le boucher du village voisin prend des carcasses. Lorsqu’il a des brebis de réforme, l’éleveur les fait transformer en saucisses, merguez et steaks hachés, des produits appréciés aux beaux jours et bien valorisés.
Améliorer le territoire
La ferme dispose de 80 ha d’un seul tenant, dont 8 ha de bois non encore exploités et environ 60 ha de prairies, conduites en pâturage tournant dynamique, ce qui lui donne le moyen d’être autonome en fourrage. Jonathan cultive 10 à 20 ha de méteil semé en mélange (triticale, orge, avoine, pois, vesce, lin) pour ses animaux. Cela lui permet d’obtenir la ration la plus complète correspondant à la fois aux périodes de gestation et de lactation des mères et à la phase de croissance des agneaux.
Le maraîchage débute et permet de livrer 30 paniers par semaine à l’Amap du village. © Florence Jacquemoud
« Je suis très sensible au concept d’agroécologie qui combine la protection de l’environnement et le maintien ou l’amélioration d’un territoire productif, poursuit l’agriculteur. Depuis dix ans, nous sommes soumis à des aléas climatiques de plus en plus forts (rafales de vent qui arrachent les arbres, sécheresse, pluies violentes, gel). Pour essayer de construire un système résilient qui en tienne compte, nous avons replanté des haies et 9 ha d’agroforesterie en production céréalière, soit 410 arbres de dix essences différentes. Ces derniers retiennent la terre et permettent un dégel plus rapide en hiver. Passé les premières années de croissance, les brebis pourront bénéficier de l’ombre des feuillages. »
Maraîchage et petits fruits
Autre projet structurant pour l’exploitation, Jonathan accueille deux jeunes agricultrices qui s’installent, Évelyne Couvin, maraîchère, et Isabelle Wintersdorff, qui va cultiver des fruits rouges, du safran et des plantes aromatiques et médicinales, et transformer les produits de ses cueillettes. Toutes deux entreront dans le Gaec.
« La densification de l’emploi fait partie de mes réflexions et de mes objectifs, dans le cadre d’une vraie problématique agricole, alimentaire et de santé », ajoute l’éleveur. Évelyne produit d’ores et déjà 2 000 m2 de légumes de toutes sortes et compte tripler rapidement cette surface, tandis qu’Isabelle prévoit d’élaborer, dans un premier temps, sirop et gelée à partir de baies de sureau et de fleurs d’acacia. Un atelier sera bientôt installé dans un ancien bâtiment de la ferme pour réaliser chutneys, confitures, câpres de pissenlit et de capucine, et autre ketchup de tomate verte.
Florence Jacquemoud
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