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En rouge des prés Un système naisseur pour une viande AOP

Charlotte et Pierre Debosque ont misé sur la race locale rouge des prés. Sa viande bénéficie de l’AOP Maine-Anjou. © A. Mabire

Le Gaec Debosque élève 120 vaches allaitantes rouge des prés. En système naisseur, les associés valorisent leur viande en filière longue et développent la vente directe.

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À trente et un et vingt-neuf ans, Pierre et son épouse Charlotte forment la seconde génération Debosque à la tête de la ferme des Bâtes, à Ruillé-en-Champagne. « Mes parents sont arrivés dans la Sarthe en 2000, après une première installation dans l’Oise. Ils ont repris 120 hectares, le poulailler de poules pondeuses et un cheptel allaitant avec quelques rouge des prés, explique Pierre, aujourd’hui associé en Gaec avec sa mère et son épouse. »

Deux périodes de vêlage

Depuis, l’exploitation s’est concentrée sur cette race locale, dont la viande bénéficie d’une appellation d’origine protégée, l’AOP Maine-Anjou. Elle s’est aussi agrandie. D’abord avec l’installation de Pierre en 2014 et la reprise de 80 hectares situés à 8 kilomètres du siège. Puis, en 2020, avec l’arrivée de Charlotte et 130 autres hectares repris. « Aujourd’hui, nous sommes à la tête de 350 hectares de SAU, dont 200 ha de prairies naturelles, poursuit l’éleveur. Le cahier des charges de l’AOP exige un chargement d’au moins 1 ha par vêlage. Ici, nous sommes à 1,2 UGB. »

Les œufs sont produits sous label rouge pour la filière Loué. © A. Mabire

Avec 135 vêlages et un objectif à 150, Charlotte et Pierre gèrent le troupeau en deux lots. Le premier, d’environ 50 vaches allaitantes, vêle entre le 15 septembre et fin octobre, le second en février et mars. « Cette organisation permet d’étaler les ventes, donc la trésorerie, mais aussi la charge de travail », expliquent-ils. Au pâturage de mars à décembre, les vaches et leurs veaux sont ensuite logés sur le site des Bâtes, et nourries au foin avec un complément blé-orge-maïs-tourteau de tournesol pour celles qui viennent de vêler.

Quant aux génisses, elles passent l’hiver sur le second site d’exploitation. « Nous y allons tous les jours, dont deux fois par semaine avec la pailleuse, précise Charlotte. En outre, nous avons la chance que ce site soit encore habité. S’il y a la moindre alerte, nous sommes prévenus. » Un tiers des génisses sont réservées au renouvellement du cheptel. Les autres sont engraissées sur place ou vendues pour la reproduction.

La famille Debosque a introduit l’élevage de moutons bleu du Maine. © 

A. Mabire

Les mâles sont principalement commercialisés en broutards, à six mois environ, pour un poids de 300 à 350 kg. Quelques-uns (sept sur l’exercice 2020-2021) sont vendus pour la reproduction.

Une vache par mois

En lien avec l’installation récente de Charlotte, titulaire d’un BTS productions animales et d’une licence professionnelle « Management des entreprises agricoles », la vente en circuits courts est en plein développement. L’objectif du Gaec est de valoriser une vache par mois. « Nous proposons uniquement de la viande certifiée AOP, au détail ou en caissettes, avec un choix de six colis de 2,5 à 12 kg. Pour équilibrer les carcasses, nous avons également conçu une gamme de conserves », détaille Charlotte.

Durant le dernier exercice, les éleveurs ont valorisé onze vaches en direct : à la ferme, auprès de restaurateurs ou d’épiceries. Conformément au cahier des charges de l’AOP, ces animaux affichaient un poids de carcasse supérieur à 380 kg. « Depuis le mois d’octobre 2021, nous travaillons avec deux restaurants scolaires : le collège de Loué et la cantine de Neuville-sur-Sarthe », ajoute-t-elle.

Gérer le départ d’un associé

Reconnaissable à son persillé, sa couleur rouge soutenue, sa tendreté en bouche et l’intensité de ses saveurs, la viande AOP Maine-Anjou est un marché de niche. « Cela représente entre 600 et 700 animaux par an, qui proviennent de 60 exploitations, complète Pierre. Notre ferme est la seule qui la vende en direct. Nous avons aussi le projet d’élargir la gamme avec de la viande séchée et du pastrami, par exemple. »

Le jeune couple aura à faire face au départ à la retraite de Catherine. Troisième associé du Gaec, la mère de Pierre gère l’atelier des poules pondeuses et se charge de la comptabilité. Pour pallier son départ, le couple prévoit d’embaucher un salarié. « Dans le Gaec, chacun est apte à remplacer l’autre. Cela nous permet de partir en vacances l’esprit tranquille. C’est un acquis que nous aimerions conserver », reconnaissent les éleveurs.

Anne Mabire

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