Diversification Des pommes associées aux grandes cultures
Anne Monnier a repris l’exploitation de son père en 2012. Elle cultive 94 ha de grandes cultures et a mis en place et développé 6 ha de vergers.
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Anne Monnier, 39 ans, se souvient d’un rendez-vous à la chambre d’agriculture avant son installation : « Le conseiller m’a dit qu’avec 90 ha de grandes cultures, mon dossier aurait du mal à passer. Il m’a alors recommandé de trouver une production de diversification. »
« La pomme s’est imposée »
Dans un premier temps, la jeune femme a songé à des poules pondeuses bio. Finalement, c’est la culture de la pomme qui s’est imposée. « J’ai un DESS de biologie avec une spécialisation technologie du végétal, explique Anne. Pendant mes études, j’ai consacré tous mes stages à ce fruit, à l’Inra, au CTIFL (1) et à la station d’expérimentation fruitière de la Morinière (Indre-et-Loire) où j’ai travaillé quelques mois. »
Les treize variétés récoltées sont vendues en direct, conditionnées en cagettes (14 kg) ou en sachet (2 kg). © Anne Mabire
En 2009, alors qu’elle occupe un poste de formatrice, la jeune femme se lance. Avec l’aide de son père, elle plante 1 ha de pommiers sur l’exploitation familiale de Montigné-lès-Rairies, dans le nord-est du Maine-et-Loire. « En 2010, un voisin nous a proposé de reprendre 1 ha de verger. À partir de là, mon projet d’installation s’est accéléré. Mon père a pris sa retraite fin 2011 et je suis devenue agricultrice le 1er janvier 2012. »
L’ETA prend le relais
Anne exploite aujourd’hui 94 ha de grandes cultures qu’elle conduit en conventionnel. « Je suis restée sur des productions simples : de l’orge, des blés standard et améliorant, du maïs destiné au marché de la semoulerie et du tournesol pour l’oisellerie, pour l’essentiel. » Au départ, la jeune femme a conduit ses cultures en assurant elle-même les travaux. En 2015, elle a opté pour l’entreprise. « C’est l’année de ma première belle récolte de pommes ! Il y avait beaucoup de fruits, 32 t sur 2,20 ha, et de belle qualité.
Le hangar est équipé d’une chambre froide (40 t) et d’un local pour les salariées avec W.-C., douche et cuisine. © Anne Mabire
Pour m’aider à les récolter, j’avais recruté deux salariées, mais à la mi-octobre, je me suis trouvée seule pour conditionner les fruits, les commercialiser et m’occuper des grandes cultures. Autant dire que j’étais débordée et qu’il a fallu trouver des solutions. » Depuis cet hiver 2015-2016, l’entreprise Sauvage, basée à Durtal (Maine-et-Loire), a pris le relais. « Elle assure tous les travaux, depuis le semis jusqu’à la récolte, et les itinéraires techniques sont ajustés en concertation avec le négoce Saboc avec lequel je travaille », précise l’agricultrice.
Installée avec 2 ha de pommiers, Anne a depuis triplé ses surfaces. « Il y a eu un peu de reprise (0,70 a) mais surtout des plantations, la dernière (1,5 ha) datant de 2020. » Les vergers sont conduits en agriculture biologique. La récolte, 43 t en 2020, est vendue en direct : à la ferme, mais aussi grâce à une Amap, un drive fermier, quelques restaurants scolaires, des magasins bio et des magasins U. « J’ai étoffé la gamme avec du jus de pommes et du pétillant. En saison, je propose aussi des groseilles, du cassis, des prunes, des coings, des noix ainsi que des légumes d’automne. Tous sont produits sur l’exploitation. »
L’introduction puis la montée en puissance de l’activité arboricole sont allées de pair avec des investissements réguliers. À son installation, l’exploitante a racheté le hangar (300 m2) et la chambre froide (40 t) construits par son père. En 2013, elle s’est équipée d’un véhicule de livraison. L’année suivante, elle a acheté un vide-palox et des tapis roulants. Ensuite, en 2015, pour un total de 50 000 €, un pulvérisateur d’occasion et un tracteur verger neuf. « On peut dire qu’il était temps, le précédent datait de 1976 ! », sourit l’agricultrice.
Un projet de hangar
Il y a trois ans, Anne a fait agrandir le hangar de 248 m2. Elle peut désormais y entreposer la totalité de ses 250 à 300 palox. L’espace réservé au conditionnement est plus vaste et les deux salariées disposent d’un local avec W.-C, douche et cuisine. « Un peu de confort, c’est important quand on veut que les gens restent. » Plus récemment, un préau a été ajouté, de même qu’une dalle extérieure. Ils permettent de stocker des céréales à la moisson. Cette année, elle poursuit ses projets avec la construction d’un hangar de 600 m2 doté de panneaux photovoltaïques. « Il servira à garer les matériels, le stock d’engrais et peut-être un mobil-home pour héberger de futurs saisonniers. » L’agricultrice réfléchit aussi à convertir les grandes cultures en système bio.
Anne Mabire
(1) Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.
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