Transmission Se diversifier pour intégrer ses enfants
Pour préparer l’installation de son fils et de sa fille, mais aussi pour créer de la valeur ajoutée, Olivier Schintgen se lance dans la vente directe d’une gamme à base de lentilles, de pommes de terre et d’agneaux.
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Dans la famille Schintgen, il y a Olivier, 42 ans, agriculteur à Vert-le-Grand en Essonne, Céline, son épouse, qui après des études agricoles travaille à la mairie de la commune, et leurs deux enfants : Tanguy, 19 ans, et Charlotte, 18 ans. Si, pour l’instant, le père travaille seul sur 219 hectares, dont 62 ha en conversion bio – parcelles en zone périurbaine –, les jeunes ont plein d’idées pour développer des activités et préparer leur intégration sur l’exploitation.
Quatorze brebis
« Je souhaite m’installer depuis longtemps, confie Charlotte, en première année de BTS Acse (1) à Gouville (Eure). Ce qui m’intéresse, ce sont les moutons. Mais avant de revenir sur l’exploitation, je veux me former et travailler dans d’autres structures. » Après son BTS, la jeune fille envisage de suivre une spécialisation ovine, puis, pourquoi pas, d’enchaîner avec une école d’ingénieur en agriculture. Depuis trois ans, quelques brebis achetées à la bergerie nationale de Rambouillet – races suffolk et romane – sont apparues sur cette exploitation de grandes cultures. « Aujourd’hui, nous avons quatorze brebis et nous gardons les femelles qui naissent pour agrandir le cheptel petit à petit », décrit Olivier. Les animaux pâturent toute l’année dans un pré d’un hectare. « Nous vendons des demi-agneaux découpés, en caissettes sous vide, grâce au bouche à oreille », précise Charlotte.
Le cheptel ovin s’agrandit petit à petit, sous l’impulsion de Charlotte. © F. Mélix
Lentilles, farine, pâtes
Son frère Tanguy, en deuxième année de BTS Acse à Châteaudun (Eure-et-Loir), est en apprentissage dans une ferme voisine de grandes cultures. Il se dit prêt à s’installer l’an prochain « si une opportunité se présente ». S’il a en tête plusieurs idées qu’il mûrit encore, comme la plantation de vignes, des diversifications ont déjà été lancées. « La rentabilité des grandes cultures diminue, notamment en céréales et en betteraves », constate Olivier, qui cherche à créer de la valeur ajoutée. Pour cela, il produit et vend en direct, depuis 2015, des lentilles vertes de variété Anicia. « Cette activité prend son envol cette année et je vais passer de 23 ha de lentilles sur mes parcelles en conversion bio, à 26 ha l’an prochain. »
Toute la famille est mise à contribution pour conditionner la production une fois triée par une ETA (2) voisine : en seaux de 5 kg pour les cantines de collèges du département, pour la majeure partie, et en sachets de 500 g ou 1 kg pour la vente dans une dizaine de magasins de producteurs, trois Intermarché locaux et autant de restaurateurs. De septembre à Noël, les produits sont également présents sur de nombreux marchés. Devant le succès de cette légumineuse auprès des clients, les Schintgen proposent depuis le mois d’octobre 2020 une gamme enrichie à base de lentilles : farine et pâtes 100 % lentilles, ou 30 % lentilles et 70 % blé dur, fabriquées par un collègue. « Cet automne, je vais semer 6 ha de blé dur pour que les pâtes soient à 100 % issues de ma ferme », poursuit Olivier.
Outre les lentilles vertes, la famille Schintgen vend de la farine et des pâtes à base de lentilles. © F. MélixOlis
L’irrigation en projet
Avec les lentilles, l’agriculteur vend en direct, notamment sur les marchés, une partie des pommes de terre qu’il cultive sur 5 ha. Il les conditionne en filets de 10 kg. L’idée d’installer un distributeur automatique germe dans sa tête, pour profiter de sa proximité avec la ville sans avoir de contrainte d’astreinte.
Autre projet qui pourrait faciliter l’installation de ses enfants : l’accès à l’irrigation. « Nous avons subi plusieurs sécheresses qui ont affecté nos rendements, souligne Olivier. Afin de maintenir les surfaces de betteraves et pommes de terre, il faudrait irriguer. Je me renseigne sur la possibilité de forer un puits pour rendre irrigables 70 ha. » Dans ce cas, de nouvelles cultures à haute valeur ajoutée, les échalotes ou les oignons par exemple, pourraient intégrer l’assolement.
Les projets et le travail ne manquent pas à l’EARL Le Bois Racine. La complicité palpable entre chaque membre de la famille aidera chacun à trouver sa place.
Florence Mélix
(1) Brevet de technicien supérieur en analyse et conduite des systèmes d’exploitation.
(2) Entreprise de travaux agricoles.
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