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Phytos L’Anses se penche sur le possible retrait du cuivre

Un rapport de l’Anses met en évidence des disparités entre les filières et les modes de production agricole en termes de dépendance au cuivre. Le principal obstacle à la réduction de son utilisation est la faible disponibilité d’alternatives apportant un niveau de protection comparable.

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Parce qu’ils contiennent une substance active candidate à la substitution, les produits cupriques doivent faire l’objet d’une évaluation comparative pour chaque usage. « Leurs utilisations et leurs évolutions en France n’ont, jusqu’à présent, pas fait l’objet d’une documentation précise selon les différents types et zones de production », rapporte toutefois l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) dans un rapport de février 2022.

En agriculture biologique

Concernant l’évolution des autorisations des produits phytopharmaceutiques à base de cuivre, il ressort que le nombre de produits phytopharmaceutiques à base de cuivre dotés d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) à usage professionnel est plutôt stable sur la période allant de 2015 à 2021.

 

« La part des produits utilisables en agriculture biologiquea légèrement augmenté sur cette même période étant donné que les retraits de substances et d’usages sur cette période concernent, pour la plupart, des substances non autorisées en agriculture biologique », ajoute dans son rapport d’appui scientifique et technique l’Anses.

 

Le rapport met aussi en avant que l’agriculture biologique est la plus concernée par l’utilisation du cuivre, la part des surfaces concernées et les doses moyennes apportées étant généralement supérieures à celles de l’agriculture conventionnelle pour la plupart des cultures concernées par l’emploi de cette molécule. Cependant, compte tenu des surfaces totales en production, l’agriculture conventionnelle utilise plus de cuivre en tonnage que l’agriculture biologique.

Principaux usages en vigne et en arboriculture

Par ailleurs, le cuivre se trouve combiné à d’autres substances dans environ 40 % des spécialités. Certaines d’entre elles étant classées CMR (cancérogènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction), le nombre de produits cupriques pourrait par conséquent diminuer dans les prochaines années.

 

Le mildiou de la vigne, le mildiou de la tomate, la tavelure du pommier sont les usages pour lesquels il existe le plus grand nombre de produits cupriques autorisés. Cependant, d’autres usages pour lutter contre la cloque du pêcher, le mildiou de la pomme de terre ou les bactérioses des fruits (pêcher, prunier, fruits à coque par exemple) sont référencés également pour plus d’une dizaine de produits autorisés.

 

> À lire aussi : Une dérogation augmente la dose de cuivre autorisée sur vigne (09/08/21)

 

« La pression phytosanitaire des bioagresseurs ciblés par le cuivre est plus forte dans les zones humides, en particulier dans la partie nord de la France ou le long de la façade atlantique. Elle est plus faible dans les zones de climat plus sec proches de la Méditerranée », ajoute le rapport.

Produits de biocontrôle

L’Anses a dressé un premier état des lieux sur l’utilisation des alternatives chimiques et non chimiques au cuivre. Ainsi, le principal obstacle à la réduction de l’utilisation du cuivre est la faible disponibilité d’alternatives au cuivre apportant un niveau de protection comparable, en dehors des produits de synthèse autorisés en agriculture conventionnelle.

 

L’utilisation des produits de biocontrôle permettrait de diminuer les quantités de cuivre mais leur efficacité limitée ne permettrait pas de se substituer complètement au cuivre. D’ailleurs, ces derniers ont été peu utilisés ces dix dernières années.

 

« La situation est plus complexe pour les filières biologiques car en agriculture conventionnelle des substances actives chimiques existent présentant un niveau d’efficacité comparable et même supérieur à celui du cuivre », ajoute le rapport de l’Anses. Toutefois, le retrait de certaines de ces substances contribuerait à faire augmenter la place du cuivre dans les filières conventionnelles au même titre que l’augmentation attendue de la part de surfaces en cultures biologiques. »

Reconception des systèmes de cultures

Les alternatives reposent sur la combinaison de différentes méthodes « dans une logique de reconception des systèmes de cultures ». Or l’adoption de systèmes de cultures plus économes en intrants peut nécessiter un accompagnement technique des agriculteurs à travers le développement et la mise à disposition d’outils d’aide à la décision et de formation pour faciliter la transition. Dans ce cadre, la résistance variétale occupe d’ailleurs une place importante.

 

« L’adoption d’alternatives au cuivre peut entraîner des contraintes liées aux coûts de mise en œuvre et aux demandes des acteurs des filières ou des consommateurs pour les produits des cultures qui sont issus de leur utilisation », fait aussi part l’Agence.

 

« Le travail ici réalisé est une première étape pour traiter ces questions et ouvre des pistes d’intérêt pour la suite notamment sur la faisabilité d’une limitation accrue du cuivre ou de sa substitution et les impacts associés, en particulier de nature socio-économique, pour les filières concernées », conclut enfin le rapport.

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