La culture des fruits secs est en plein essor au Chili
Motivés par une demande mondiale en forte hausse, les agriculteurs misent sur les fruits secs depuis quelques années.
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Alors que les nuciculteurs français ont terminé leur récolte au début de novembre, le Chili prépare minutieusement la sienne. Cette filière fait l’objet d’une attention toute particulière car le pays s’est récemment imposé parmi les champions mondiaux des fruits secs. Il compte aujourd’hui quelque 47 000 ha de noisetiers et 45 000 hectares de noyers, soit respectivement environ cinq et trois fois plus qu’il y a quinze ans.
Des perspectives financières alléchantes
José Pablo Correa, président de Planetnuts, une plateforme chilienne spécialisée dans les fruits secs, analyse cet essor fulgurant : « De nombreux agriculteurs ont pris conscience que les fruits secs représentaient un business très rentable et accessible sur une large partie du territoire. » L’expert souligne que la demande planétaire ne cesse de progresser, que l’extrême mécanisation de l’industrie permet de réduire les coûts de main-d’œuvre au minimum, et que la coque des fruits secs les protège naturellement contre la plupart des maladies et des nuisibles. « Pour un éleveur qui souhaite se lancer dans la fruiticulture, il s’agit actuellement de la meilleure transition possible financièrement, » assure-t-il.
Si la noix a longtemps été considérée comme la nouvelle star des exploitations chiliennes, en raison de son succès au sein du marché indien, sa popularité ne parvient désormais plus à rivaliser avec celle de sa petite sœur, la noisette. La production nationale a atteint près de 58 000 t en 2023 et, selon plusieurs spécialistes, elle pourrait franchir le cap des 100 000 t dès 2027. De quoi permettre au Chili de passer de la quatrième à la deuxième place au classement des principaux exportateurs mondiaux.
Le soutien direct de Ferrero
Cette fièvre de la noisette provient avant tout de la confiance du groupe Ferrero, qui s’est implanté au Chili dès 1991 et y a investi plus de 330 millions de dollars, notamment pour ouvrir deux usines de traitement. « Aujourd’hui, 95 % des noisettes chiliennes se destinent à l’industrie chocolatière ou à celle de la confiserie », chiffre Andrés Reyes, directeur de la société de conseil technique Agroreyes. Près de 70 % d’entre elles ont été exportées en 2023 vers l’Italie ou l’Allemagne, où sont fabriqués les produits des filiales emblématiques du géant italien, comme la pâte à tartiner Nutella, les Kinder ou les Ferrero Rocher.
Si le Chili fait encore pâle figure en comparaison du leader incontesté, la Turquie, il espère continuer à grappiller des parts de marché en jouant les cartes de la qualité et de la traçabilité. Face à son rival, régulièrement accusé d’exploiter des enfants et des personnes en situation irrégulière lors de ses récoltes, le pays peut se targuer de plusieurs labels qui attestent du respect des droits humains. « Nous savons qu’il s’agit d’un critère indispensable pour relever le défi commercial qui nous attend », poursuit Andrés Reyes, tout en reconnaissant que les freins sont encore nombreux. « À ce jour, le gouvernement n’a pas encore mis en place d’aide financière accompagnant les agriculteurs dans leur conversion aux fruits secs », regrette-t-il.
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