Les agriculteurs argentins attendent leur gouvernement au tournant
Après avoir contribué à l’élection de Javier Milei en novembre 2023, les producteurs agricoles attendent du président ultralibéral qu’il tienne ses promesses d’allègement fiscal et de dérégulation.
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Dans les travées de l’Expo Rural, le salon de l’agriculture argentin, Javier Milei vole la vedette aux plus belles vaches du pays. « Je suis venu spécialement pour le voir et écouter ce qu’il a à dire ! », s’enthousiasme Carlos Meia à propos du président argentin, invité d’honneur de l’exposition cette année. « Cela fait vingt ans que les choses vont de mal en pis, reprend Carlos, qui cultive du maïs et du soja à Córdoba. Il y a beaucoup de choses à faire, mais il est assez fou pour y arriver ! »
« Les premières mesures prises vont dans le bon sens »
Élu sur la promesse de réduire drastiquement la taille de l’État et de déréguler massivement l’économie, l’économiste ultralibéral de 43 ans suscite espoirs et attentes chez les agriculteurs. « Les premières mesures qu’il a prises vont dans le bon sens », estime Carlos, qui cite notamment la baisse des taxes à l’importation sur les herbicides et les engrais.
Comme la majorité des agriculteurs, Carlos a voté pour Javier Milei en novembre dernier. Chez lui, à Córdoba, riche province agricole du centre du pays, celui-ci a recueilli 74 % des suffrages au second tour de l’élection présidentielle.
Mais huit mois après l’entrée en fonction de la nouvelle Administration, les mesures les plus attendues par le monde agricole tardent à se profiler : la fin des restrictions sur le marché des changes et la levée des taxes à l’exportation sur les céréales et les oléagineux (33 % sur le soja, 12 % sur le blé et le maïs).
Dans son discours à la tribune, Nicolás Pino, président de la Société rurale et hôte de l’exposition, résume l’état d’esprit ambiant en se tournant vers le président assis derrière lui : « Nous pourrions nous concentrer sur nos frustrations et nos réclamations, nous en avons suffisamment, mais nous préférons pour l’instant en appeler à la patience des agriculteurs et des agricultrices, car nous pensons qu’il convient d’accorder une certaine confiance au gouvernement. »
Les « héros » du président
Quelques instants plus tard, Javier Milei lui succède à la tribune et prend la parole. « Personne n’a plus envie que nous de sortir de ce modèle désastreux », assure le président, qui souligne son « admiration » pour les producteurs agricoles qu’il qualifie de « héros ». « Les taxes à l’exportation seront éliminées, tel est mon engagement », martèle-t-il sans pour autant esquisser de calendrier.
« Il y a de l’espoir, ce gouvernement a l’air différent des précédents », concède Hector Garcia à l’issue du discours du président Milei. Cependant, cet agriculteur de la province de Buenos Aires refuse de s’enflammer : « La suppression des taxes à l’exportation, j’attends de la voir pour y croire. On nous a déjà fait cette promesse tellement de fois… On est tellement habitués à ce que les choses aillent mal que, parfois, on a du mal à imaginer que cela puisse changer. »
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