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Vers la certification en soja non-déforesté au Paraguay

Les producteurs de soja du Paraguay craignent des contraintes sans prix différencié.

La réglementation européenne pousse la filière à s’adapter dans les zones les plus sensibles.

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Les producteurs de soja du Paraguay ont commencé à certifier leurs cultures pour garantir qu’elles ne proviennent pas de zones déboisées. Ce mouvement répond aux réglementations de l’Union européenne qui ne permettront plus à partir du 1er janvier 2025, l’entrée de produits agro-industriels provenant de zones déboisées après le 31 décembre 2020. Parmi ces produits figurent le soja, l’huile de palme, le bœuf, le café, le cacao, le bois, le charbon de bois, le caoutchouc et leurs dérivés.

Le Paraguay est le 6e producteur et le 4e exportateur mondial de soja. La légumineuse occupe une superficie de 3,5 millions d’hectares dans tout le pays avec une récolte sur 2023-2024 de 10,3 millions de tonnes. L’année dernière, il a rapporté 4,1 milliards de dollars au pays.

Le Gran Chaco premier concerné

Le problème de la déforestation causée par le soja est principalement localisé dans la région connue sous le nom de Gran Chaco. Ce vaste territoire touchant l’Argentine et la Bolivie englobe une grande partie du Paraguay sur 12 millions d’hectares de forêts primaires.

Dans le Chaco paraguayen, l’activité agricole a moins de 10 ans d’histoire mais connaît une croissance très rapide : l’année dernière, 70 000 hectares ont été plantés et une augmentation à 150 000 hectares est attendue la prochaine campagne, selon les estimations de la chambre Paraguayenne des exportateurs et commercialisateurs de céréales et d’oléagineux (CAPECO).

Son président, José Berea, explique que « l’expansion s’est produite sur des zones d’anciennes prairies, dans un système de rotation entre l’agriculture et l’élevage sur les mêmes parcelles ». Il déclare également que « dans le Chaco, il est légal de changer l’utilisation des terres pour les consacrer à d’autres activités telles que l’élevage, l’agriculture, l’industrie, l’urbanisation et les infrastructures, après analyse et autorisation des organisations correspondantes ».

La crainte des coûts

Mais avec l’entrée en vigueur imminente de la réglementation européenne, les chambres qui regroupent les producteurs, comme CAPECO, élaborent des propositions permettant de certifier que le soja et les dérivés industriels ne proviennent pas d’une région autorisée à déboiser après 2020.

« Les systèmes d’identification des produits sans déforestation sont en cours d’analyse, avec géoréférencement des parcelles et avec déclarations sous serment de conformité aux lois en vigueur », commente José Berea. Le modèle serait celui de la plateforme argentine VISEC (vision sectorielle du Chaco argentin), un système géoréférencé permettant de suivre complètement la récolte jusqu’au port d’embarquement en passant par le processus industriel. En Argentine, il est aussi utilisé pour les exportations de viande bovine.

Romualdo Zocche est agriculteur depuis 47 ans et possède une exploitation de 1 300 hectares principalement consacrée au soja et au maïs, dans le département de Caazapá. Il est membre de la coopérative Pindó, qui a mis en place depuis quelques années un programme de certification du soja comme produit durable. L’agriculteur affirme que 98 % des terres défrichées dans la région du Chaco l’ont été avant 2020. « Sur mes terres, nous avons déboisé jusqu’en 2005 ».

D’autre part, Romualdo Zocche prévoit de rejoindre le VISEC, mais reconnaît que les producteurs sont réticents à adhérer à un programme, car cela pourrait entraîner des coûts plus élevés sans reconnaissance ultérieure, comme un prix différentiel pour leur soja. Il y a également un manque de confiance dans l’obligation de soumettre périodiquement des déclarations sous serment qui aboutissent à des contrôles fiscaux, en particulier dans le domaine de l’enregistrement des travailleurs.

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