Au Paraguay, le pâturage rationnel gagne du terrain

Situé entre l’Argentine et le Brésil, le Paraguay compte environ 13,5 millions de têtes de bétail, soit plus de deux têtes par habitant. Les races bovines varient en fonction de la région du pays et de ses conditions climatiques. Pour Anibal Ferreira, économiste, éleveur et directeur de Pastoreo Racional Paraguay, le pâturage rationnel est l’application de l’intelligence humaine à l’activité pastorale : c’est l’homme qui est responsable du pâturage, et non plus le bovin, et c’est un élément fondamental de l’élevage régénérateur.

« Le pâturage rationnel repose sur les quatre principes du système “Voisin”. Il implique le respect des temps d’occupation des parcelles, des changements d’enclos réalisés en temps opportun et l’attribution des meilleurs pâturages aux animaux ayant le plus besoin », explique Anibal Ferreira.

Une méthode en expansion

Bien que cette méthode de production soit pratiquée au Paraguay depuis de nombreuses années, elle connaît une expansion significative ces derniers temps. « Nous n’avons pas encore de chiffres concrets, mais de plus en plus d’agriculteurs viennent nous consulter et les participants aux sessions de formation sont de plus en plus nombreux », ajoute l’économiste. En effet, ce modèle d’élevage présente de multiples avantages pour les producteurs. Sur le plan économique, il augmente la capacité de charge des animaux, limite la prolifération des mauvaises herbes, améliore l’état corporel des animaux et réduit la dépendance aux intrants.

D’autres avantages significatifs incluent l’amélioration de la santé du troupeau, car les rotations et le temps de repos prolongé dans les enclos utilisés lors des rotations précédentes favorisent un environnement plus sain, généralement exempt de parasites. De plus, cette méthode favorise l’apprivoisement des animaux, facilitant ainsi leur gestion avec peu de risques pour les éleveurs.

« Malheureusement, nous n’avons pas encore développé de marché spécifique pour notre produit, et la production est commercialisée de la même manière, indépendamment du système de production utilisé », explique Anibal Ferreira. « Dans la région du Chaco et plus généralement dans tout le Paraguay, la viande est produite principalement dans les pâturages. À ce jour, il n’y a pas de différenciation de prix, et je pense qu’une masse critique plus importante serait nécessaire pour négocier des accords et obtenir des avantages spécifiques. Malgré cette situation, le pâturage rationnel et d’autres systèmes d’élevage régénératifs sont là pour rester. »

Une approche régénérative

Il y a dix ans, Rafael Bruyn Brusquetti, un éleveur de bétail du département de Presidente Hayes au Paraguay, a entamé un projet de pâturage rationnel de base. Trois ans plus tard, il a décidé de promouvoir cette méthode de production dans le cadre d’une approche régénérative.

« Au début, nous avons décidé de le faire en raison du potentiel de production, puis, avec l’approche régénérative, il s’agissait de le rendre durable du point de vue du sol », déclare Rafael Bruyn Brusquetti. « Nous avons un total de 2 700 hectares sous cette gestion et cela nous a permis d’augmenter la capacité de charge bien au-delà de la moyenne de la région : nous avons 0,8 animal par hectare, alors que la norme est de 3 hectares par bovin. »