Alberta devant les feux, les éleveurs canadiens évacuent leurs vaches
Des incendies printaniers précoces ravagent les campagnes de l’ouest du Canada où la moitié des fermes sont des élevages bovins.
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Dans l’ouest du Canada, les incendies printaniers font rage. Les autorités officielles de l’État de l’Alberta dénombrent un total de 83 incendies actifs, dont 21 sont hors de contrôle. Elles ne s’attendent pas cette semaine à un reflux des incendies, favorisés par les conditions sèches et chaudes, explique Josee St-Onge, officier d’information du gouvernement local, lors de son point devant la presse le 14 mai 2023. Près de 20 000 personnes sont concernées par des ordres d’évacuation au sein d’une province de 4,3 millions d’habitants. Depuis le début de mai, les feux ont déjà brûlé 400 000 hectares et le front continue d’avancer inexorablement. L’état d’urgence a été décrété le samedi 13 mai 2023, ce qui induit la demande d’aide de l’État fédéral.
Procédures d’évacuation
Sur sa chaîne Youtube, Tyson Kucheruk, agriculteur en Alberta, relate la façon dont son champ a été cerné par la fumée le 5 mai 2023 pendant qu’il travaillait son sol. Le ciel est orange autour de sa parcelle et l’agriculteur désigne les forêts autour qui se consument. Il projetait d’aller le soir même dans une autre partie de son exploitation, loin des incendies, mais les autorités avaient déjà coupé les routes pour pouvoir organiser les procédures d’évacuation de la population.
Évacuer le bétail
Les animaux d’élevage sont aussi un sujet d’inquiétude pour les autorités. Près de la moitié des fermes de la province sont des élevages de bovins. « Ce sont littéralement des centaines de milliers d’animaux qui sont potentiellement touchés en raison de l’immensité de la superficie » des feux, explique Danielle Smith, Première ministre de l’Alberta.
Arroser les bâtiments, installer d’immenses piscines d’eau, couper les broussailles pour tenter de faire des barrières coupe-feu… tous les agriculteurs sont à pied d’œuvre. « C’est désespérant, on ne sait pas où ça va s’arrêter, ni si ça va s’arrêter », confie Jessee Crowther, un éleveur de bovins qui a vu une partie de la ferme de son voisin partir en fumée.
Sur son site internet, l’interprofession bovine, l’Alberta beef producers, dresse une carte des lieux qui peuvent héberger le bétail évacué : les lieux de rodéos, les corrals, les fêtes foraines, etc. Les autorités de la province mettent en place un numéro d’urgence à la disposition des éleveurs candidats à l’évacuation.
« Parfois, il n’y a plus rien à faire »
Mais parfois, il n’y a plus rien à faire. « C’est impossible pour moi de les déplacer », explique Trent Stanley, un autre éleveur. « Ce printemps, j’ai 850 vaches. Ce n’est pas comme si on pouvait les charger en quelques minutes », déplore-t-il. « J’imagine que le plan pourrait être d’ouvrir les clôtures et peut-être que le bétail saurait par où passer, mais j’en doute », relève-t-il.
Vu l’ampleur des incendies, on comprend ses doutes. Le journaliste météo canadien Kyle Brittain ne va pas le rassurer. Il a publié sur sa chaîne Youtube la 15 mai 2023 une séquence au milieu des flammes où il suit la panique d’un lapin qui tente d’échapper au brasier. « Je veux croire que le lapin s’en est sorti mais; honnêtement, je n’en suis pas sûr », prévient-il.
Changement climatique
Cette saison de feux sans précédent arrive après des années difficiles marquées notamment par une grave sécheresse en 2021, qui a fait chuter la récolte un peu partout dans le centre et l’ouest du Canada, réduisant les rendements agricoles de 40 %. Cette année-là, un dôme de chaleur « historique » avait fait des centaines de morts et avait été suivi par d’importants incendies. Depuis quelques années, l’ouest du Canada est frappé par des événements météorologiques extrêmes, dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le changement climatique.
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