« Nous distribuons zéro concentré à nos agneaux »
Les brebis d’Emmanuel et Jean-François Nandrot obtiennent des résultats technico-économiques « exceptionnels » grâce à une valorisation maximale de l’herbe.
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Au Gaec Nandrot, à Saint-Révérien dans la Nièvre, les ovins et les bovins ont toujours pâturé simultanément. Les deux frères, Jean-François et Emmanuel, qui gèrent l’exploitation de 429 ha, perpétuent cette tradition familiale pour produire des agneaux à moindre coût.
Au printemps chaque hectare de prairie est occupé par 1,5 vache suitée accompagnée d’une brebis suitée. Ainsi, comme la taille des parcelles de l’exploitation oscille entre 20 et 25 ha, les lots d’animaux comprennent entre 30 et 37 vaches suitées et 20 à 25 de brebis. Ils occupent les prairies « en continu » d’avril à la fin de juin.
Les 180 mises bas sont calées entre février et avril pour profiter de la pousse de l’herbe. Les agneaux ne consomment rien d’autre, mis à part le lait de leur mère avant le sevrage. « Après l’agnelage, nous les sortons sur les prairies attenantes dès leur plus jeune âge (dès le troisième jour), mais nous les rentrons tous les soirs », précise Emmanuel.
Grâce à une surveillance rigoureuse et un bâtiment bien aménagé, les exploitants maintiennent un taux de mortalité des agneaux d’à peine 6 % d’année en année. « C’est plus de deux fois moins que la moyenne de la région qui s’affiche aux alentours de 14 % », souligne Christophe Rainon, technicien ovin à la chambre d’agriculture. Le choix du croisement des animaux : un bélier charollais sur des brebis texels facilite aussi les agnelages. « Les mâles sont plus fins d’os par rapport aux brebis, explique Jean-François. Ils sont aussi bien conformés car nous vendons toutes les femelles et achetons nos agnelles de renouvellement. » Ainsi le prix de vente des agneaux sur le marché de Corbigny atteignait 166 € en moyenne en 2022.
1 kg de concentré par kg d’agneau produit
Les premiers sont vendus au début de mai. À la fin d'août, au sevrage, il en reste une quarantaine. Ils sont finis sur des repousses, « quand il y en a », précise Jean-François. Sinon ils sont affectés à un pré de fond. Au fur et à mesure du départ de leurs agneaux, les brebis rejoignent des prés spécifiques (clôturés) où elles sont complémentées en foin si la pousse fait défaut. Certaines reviennent dans les lots de vaches en automne. Les deux espèces cohabitent bien mais restent distantes l’une de l’autre sur la parcelle. Les agneaux sont traités, mais la pression parasitaire est plus faible dans un système mixte, en raison de la spécificité à chaque espèce de certains strongles. Quand un bovin consomme une larve spécifique des moutons par exemple, il coupe son cycle.
Jusqu’à maintenant, les agneaux n’ont jamais consommé d’aliment de la naissance à leur vente à 42,4 kg en moyenne. Ce qui explique, entre autres, la marge brute « exceptionnelle de 238 € par brebis », estime Christophe Rainon. Les charges d’alimentation de l’atelier ovin s’affichent à 12,5 € par brebis, alors que dans la région, ce coût est compris entre 40 et 70 € par brebis pour les exploitations mixtes ovins-bovins. « La quantité de concentré par kg d’agneau produit est de 1 kg seulement alors que la consommation moyenne des exploitations de la région est de six à douze fois plus élevée », note également l’expert.
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