Ovins Finir des agneaux à contre-saison avec du méteil et des légumineuses
Vincent Bizouard fait évoluer son système d’alimentation pour valoriser au maximum les ressources disponibles sur l’exploitation
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Installé progressivement à partir de 2017 avec une activité en double actif (conservée jusqu’en 2019), Vincent Bizouard élève 300 brebis croisées Grivette x île-de-France (IDF), IDF x Romane et IDF sur 80 ha. Le chargement est de 0,9 UGB/ha. La troupe a été construite par achats successifs d’animaux de différentes origines. Les périodes d’agnelages - cinq par an en 2018, quatre actuellement - ont été dictées initialement par les achats d’agnelles.
Pour répondre aux exigences du marché (1) et de la vente directe (22 % de la production), Vincent Bizouard produit des agneaux de bergerie toute l’année à partir de races désaisonnées. Sortis à l’herbe dès que possible, ils sont finis en bâtiment. Ce système de production à contre-saison engendre toutefois une consommation d’aliment élevée particulièrement coûteuse en bio.
"Cela atteint le double des systèmes conventionnels calés sur la pousse de l’herbe, avec 300 kg de concentré par brebis ", précisaient les techniciens des chambres d’agriculture et de l’Institut de l’élevage le 22 septembre 2022, lors de la 17e rencontre technique ovine de Bourgogne Franche-Comté.
Réduire le coût alimentaire
Dans un contexte d’explosion des cours des matières premières, renforcer l’autonomie alimentaire et protéique est primordial pour l’exploitation. Depuis quatre ans, l’éleveur ne cesse de faire évoluer la composition de ses rations en y intégrant différentes sources de protéïnes et d’énergie, disponibles sur la ferme ou produites localement : du méteil grain et des fourrages de légumineuses.
Après avoir démarré l'engraissement des agneaux avec de l’aliment complet du commerce, Vincent s’est efforcé de trouver des ressources moins chères. Dans un premier temps, il a fait le choix du méteil grain (triticale, seigle, avoine, pois). Proche de 1 UFV/kg de MS et bien équilibré en PDI, le méteil était toutefois insuffisamment riche en protéines pour être consommé tel quel par les agneaux. Il a du être complémenté en azote avec un aliment du commerce (voir infographie).
Dans un contexte d’explosion des cours des matières premières, renforcer l’autonomie alimentaire et protéique est primordial pour l’exploitation.
En 2020-2021, l’éleveur a introduit de la luzerne déshydratée. L’ajout de la légumineuse a remonté le taux de calcium de la ration, assuré une très bonne finition des agneaux (2) en évitant les dépôts de gras et en limitant les cas de gravelle. Mais trop peu énergétique, la luzerne déshydratée n’a pas pu seule, corriger correctement le méteil. Il a fallu complémenter avec un aliment azoté, ce qui a augmenté le coût de la ration.
Lors de la campagne suivante, Vincent a substitué à la luzerne déshydratée du foin de trèfle et de luzerne. Le fourrage était de qualité avec une bonne proportion de feuilles. Un contrat a été passé avec un voisin céréalier pour l'achat de 25 ha de luzerne en deuxième coupe sur pied.
« Cette solution va allonger la durée de finition des agneaux de trois semaines et tripler la consommation de fourrages (60 kg de foin de légumineuses, refus compris), pointe Aurore Gérard de la chambre d’agriculture de Cote d’Or. Une solution intermédiaire consisterait à garder un peu de correcteur azoté dans la ration ».
De cinq à trois périodes d’agnelage
Pour gagner encore en autonomie protéïque, l’éleveur entend implanter des prairies temporaires et mieux maîtriser le pâturage (lire l'encadré ci-dessous). Outre une augmentation de la troupe à 400 brebis et agnelles, Vincent Bizouard souhaite limiter la charge de travail en réduisant le nombre d’agnelages de quatre à trois en décembre, mars et juillet. Il compte aussi limiter la vente directe.
"Sur le marché les cours des agneaux se tiennent bien depuis deux ans, et les perspectives sont bonnes avec une production ne représentant que 50 % de la consommation française", observe l'éleveur. Alors qu’il continue d'ajuster la conduite de son troupeau, Vincent entend concilier au mieux autonomie, charge de travail et performances économiques
(1) Demande maximale à en fin d’année et Pâques.
(2) 85% des agneaux produits ont été classés R3.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :