Login

Des réserves collinaires pour maintenir la finition des taurillons

« Je peux irriguer le maïs lors des périodes critiques comme la floraison et régulariser la qualité de mon ensilage », explique Johannes Knies.

En irriguant son maïs, Johannes Knies sécurise la production de son ensilage, tant en qualité qu’en quantité. Il peut ainsi relancer la finition de ses broutards.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

En 2024, Johannes Knies engraissera de nouveau ses taurillons. À la tête de 50 vaches limousines à Dompierre-les-Églises en Haute-Vienne, sa production fourragère est enfin suffisante pour finir les mâles nés sur son exploitation. Les deux réserves collinaires, l’une de 28 000 m³ et l’autre de 12 000 m³, dont il vient d’achever la construction, garantissent désormais un tonnage d’ensilage de maïs suffisant.

L’eau servira aussi pour l’irrigation des pommes de terre, cultivées pour les plants, l’autre pilier du revenu de l’exploitation avec la production de céréales. Cette eau stockée devrait aussi permettre d’irriguer des cultures fourragères comme le trèfle pour augmenter la production d’ensilage « protéique ».

Ce chantier a permis de sécuriser les rendements de maïs.

Depuis son installation en 2008, Johannes Knies ne parvenait pas à atteindre des rendements réguliers pour son ensilage de maïs. Certaines années, il chutait même en dessous de 8 tonnes de matière sèche par hectare (t de MS/ha). Dénué de grains, le stock, de piètre qualité, nécessitait une importante complémentation, ce qui fragilisait la rentabilité de l’atelier d’engraissement.

C’est pourquoi l’achat de broutards mâles fut abandonné durant quelques années. Ceux nés sur l’exploitation étaient aussi vendus au sevrage et le maigre stock d’ensilage de maïs était réservé aux vaches et aux génisses. « La mauvaise qualité de ce fourrage n’a pas facilité la préparation des vaches au vêlage et les croissances des génisses n’étaient pas optimales, ajoute l’exploitant. J’en supporte encore les conséquences. »

De 900 à 1 100 mm de pluviométrie par an

La liste des raisons qui ont poussé Johannes Knies à étudier l’intérêt des réserves collinaires est longue. La pluviométrie annuelle du département, entre 900 et 1 100 mm par an, a joué en faveur du projet.

Pour l’instant, la Haute-Vienne a peu recours au stockage de l’eau. « Nous utilisons actuellement moins de 0,005 % de l’eau qui tombe sur le département », souligne Jean-Emmanuel Vernon, de la chambre d’agriculture. Une quarantaine de projets sont sortis de terre ces dernières années et ils étaient souvent en lien avec du maraîchage, de l’arboriculture et de l’élevage.

Johannes Knies avait déjà réalisé un forage pour l’abreuvement des animaux. Son débit de 1 m³/h ne peut convenir pour l’irrigation qui exige un débit de 40 m³/h.

« La réflexion et l’élaboration du chantier pour les réserves ont nécessité au moins deux ans, précise Johannes Knies. Mon ambition était de stocker un maximum d’eau. L’analyse de la topographie et du parcellaire a permis de déterminer les parcelles les plus adaptées. Étant locataire de ces dernières, j’ai convenu avec le propriétaire de les racheter. » La construction de deux réserves d’une surface de 0,6 ha et de 1 ha s’est achevée en 2023.

Soumis à déclaration

Sur le plan réglementaire, ce type d’ouvrage, inférieur à 3 ha (surface en eau), est soumis à déclaration. La plus petite réserve est alimentée par l’eau de pluie et par le pompage dans la Brame, la rivière qui longe la parcelle. Le pompage dans le cours d’eau est autorisé à raison de 8 m³/h de novembre à avril. Un arrêté préfectoral régit ce droit. L’autre retenue est, quant à elle, alimentée par le ruissellement issu du bassin-versant.

Le dispositif comprend aussi un réseau de tuyaux enterrés pour alimenter 60 ha de l’exploitation. Ces parcelles sont destinées en priorité aux cultures de pommes de terre de semences (10 ha), au maïs (15 ha) et au trèfle (10 ha).

En juillet 2024, les pommes de terre plantées sur des parcelles séchantes ont pu être arrosées. (©  Marie-France Malterre/GFA)

En 2024, à la mi-juillet et compte tenu de la pluviométrie, l’irrigation n’avait pas été mise en route. « Les déficits ne sont pas exclus pour le maïs qui a été semé tardivement, ainsi que pour les pommes de terre », indique Johannes Knies. L’installation est prête pour l’arrosage.

Les valeurs alimentaires de l’ensilage de maïs irrigué atteignaient en 2023, 0,87 UFv avec 364 g d’amidon par kg. En 2018, par exemple, cette teneur était trois fois moins élevée (109 g/kg). Et surtout les 12 t de MS/ha récoltées l’année dernière pourront assurer la finition des 25 mâles nés sur l’exploitation, d’ici au mois de septembre, date à laquelle le maïs 2024 sera récolté.

La récolte d'ensilage de maïs permet désormais d'engraisser les mâles nés sur l'exploitation. (©  Marie-France Malterre/GFA)

Ces animaux reçoivent, cet été, 7 kg d’ensilage de maïs avec de l’ensilage d’herbe (4 kg), des céréales produites sur l’exploitation (1 kg) et un correcteur azoté du commerce (1,2 kg). L’augmentation de la production de trèfle devrait réduire l’achat de ce concentré du commerce.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement