Tendre vers l’autonomie alimentaire en bovins allaitants
À la suite des sécheresses sévères ces dernières années, Laurent Goulot et sa mère Marie-France ont choisi d’utiliser davantage de fourrages riches en protéines.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La reprise de 30 ha prairies et de terres labourables à 3 km du siège d’exploitation en 2017, puis une succession de sécheresses sévères entre 2018 et 2020 ont incité Laurent et Marie France Goulot à modifier leur assolement et leur rotation. La part de céréales à paille est passée de 20 à 31 ha. Cela leur permet de produire 85 % des concentrés consommés par leur troupeau charolais. Des prairies temporaires riches en légumineuses d’une durée de deux ans ont été implantées. Ces associations composées de ray-grass d’Italie et de trèfle violet (50/50 en poids au semis) succèdent à trois, voire quatre ans de céréales à paille. Elles sont retournées au bout de deux ans d’exploitation. « Moins présent en première coupe, le trèfle violet prend le dessus dès la seconde, observe Laurent. Après 6 ou 7 coupes, les parcelles se salissent et le trèfle régresse. Il est alors temps de renouveler la prairie ».
Récolte précoce
Récoltées précocement en enrubannage au début de mai, ces prairies temporaires sont fauchées une seconde fois en juin. S’ensuit parfois une troisième, voire une quatrième coupe en cas de conditions de pousse favorables. Cette année, en raison du manque d’eau et des fortes chaleurs, les quantités rentrées au début de septembre ont été faibles. En 2022, 56 ha avaient été récoltés en première coupe et 53 ha en deuxième et troisième coupe. Les prairies naturelles sont pour leur part toujours récoltées en foin.
En année normale, cette conduite permet un stockage de 1,8 à 2 tonnes de MS par UGB à hiverner, dont 50 à 60 % en enrubanné. Le taux de matières azotées totales des fourrages produits en enrubannage oscille entre 17 et 20 %.
Le mélange de ray-grass et de trèfle violet est valorisé dans les rations d’engraissement
Outre du fumier épandu derrière la troisième coupe et de l’engrais de fond (15 unités de phosphore par hectare et de la chaux), les prairies temporaires reçoivent un engrais « starter » avant la première coupe (100 kg/ha de 21-15). Au curage, le fumier est traité avec un activateur.
Achats limités
Les fourrages riches en protéines et les céréales autoproduites sont entièrement valorisés, y compris dans les rations d’engraissement des mâles (lire l'encadré). « Grâce à un système fourrager et à des rations bien calées, l’exploitation atteint 91 % d’autonomie en énergie, et 87 % en protéines », pointe Christophe Dagouneau, conseiller spécialisé en bovins allaitants à la chambre d’agriculture de la Nièvre. Les achats de tourteaux sont réduits au maximum et réservés à l’engraissement et à la complémentation d’une partie des mâles au pré. « Même dans des années de fortes températures et de sécheresses, les consommations de concentré se sont limitées à 2 kg par kg de vif produit contre 2,2 à 2,5 kg en moyenne pour des exploitations au profil équivalent, poursuit le conseiller. C’est une performance dans une région de moyenne montagne comme le Morvan. » Les résultats techniques sont au rendez-vous. En 2022, 361 kg vif ont été produits par UGB.
L’an passé, les essais de méteils fourragers (triticale, pois, vesce, trèfle violet) réalisés sur 3,5 ha pour une valorisation en engraissement, n’ont pas donné les résultats escomptés. Ils ne seront pas reconduits. « Leur qualité était équivalente à celles des ray-grass et trèfles violets, mais leur volume était moindre. Par ailleurs, du fait de l’odeur de la vesce, le fourrage était moins appétent pour les animaux, explique Laurent. L’association de ray-grass et de trèfle est en revanche très bien adaptée à nos terrains et nous donne satisfaction. L’objectif est d’en cultiver chaque année, 15 à 20 ha. »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :