Les betteraves sécurisent la ration des vaches laitières
Alexandre Couchot diversifie la ration de ses vaches avec des betteraves fourragères qu’il « ensile » en fin de saison pour éviter qu’elles ne se perdent.
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« Mes vaches sont en meilleur état depuis que j’incorpore des betteraves fourragères dans leur ration », lance Alexandre Couchot. À la tête de 290 vaches prim’holsteins à Richecourt dans la Meuse, avec ses parents Magali et Eric, ils ont adopté cette plante depuis six ans environ, à la suite de résultats médiocres de l’ensilage de maïs.
« En 2020, le rendement était tombé en dessous de 10 tonnes de matière sèche par hectare sur les terres les plus séchantes de l’exploitation », explique-t-il. L’ensilage de maïs reste un des piliers de l’alimentation des animaux. Les exploitants en cultivent 75 ha, mais ils observent une qualité variable d’une année sur l’autre. « Une sécheresse en pleine floraison limite le remplissage des grains et les valeurs alimentaires dégringolent », ajoute Alexandre. Idem pour l’ensilage d’herbe. En 2024 à cause des intempéries, la valeur moyenne de ses silos d’herbe est tombée à 10,4 % de matière azotée totale (MAT) et 0,80 UFL/kg de matière sèche contre 15 % de MAT et 0,88 UFL/kg de MS en année normale.
Des taux plus élevés
« Avec trois fourrages de base, je répartis les risques d’autant que la valeur alimentaire de la betterave est quasi stable d’une année sur l’autre quelles que soient les conditions météorologiques », indique-t-il. C’est un des fourrages les plus énergétiques avec 1,18 UFL/kg de matière sèche en moyenne. « Elle stimule les taux butyreux et protéiques, indique Lionel Vivenot, de l’ULM. Le lait des vaches du Gaec de l’Ouest a gagné 3,3 points de taux butyrique entre le mois de septembre et le mois de décembre 2023 en passant de 42,5 à 45,8 g/1 000 l. Une partie (1,5 point) est liée à l’effet saison et à la baisse de la luminosité, assure le conseiller. Le reste, 1,8 point, est attribué à l’effet betteraves. »
Idem pour le taux protéique, il est passé de 34,3 à 36,7, dont 0,9 point est lié à l’incorporation de la racine dans la ration. Traduit en euros, l’effet betteraves sur les taux s’élève 9,9 €/1 000 litres, selon les calculs de l’expert (1).
Reste que la culture de cette plante bisannuelle n’est pas simple à maîtriser. « Depuis 2018, nous avons augmenté la surface cultivée petit à petit, précise Alexandre Couchot. La plante est lente à l’implantation. Elle demande un suivi attentif (et des traitements réguliers) pour ne pas être dépassée par les adventices ou dévorée par les insectes. »
Autre particularité, la récolte exige un matériel spécifique. Alexandre recourt à un prestataire. En 2023, pour simplifier le travail de distribution, il a expérimenté le stockage de la betterave au-dessus de l’ensilage de maïs, comme le pratiquent certains exploitants hollandais. Après la récolte, en décembre, les racines ont été lavées et broyées grossièrement avant d’être disposées sur l’ensilage de maïs. « Pour que les jus de la betterave soit absorbés correctement par le maïs, il faut que la hauteur de la betterave broyée ne dépasse pas la moitié de celle du maïs. Autrement dit, avec un silo de 2 mètres de maïs pourra « accueillir » 1 mètre de betteraves », indique Louis Boveroux, responsable de la société KWS-Momont pour la région est.
Ce chantier a coûté 120 €/t de matière sèche de betterave stockée. Le problème, c’est qu’en plaçant les betteraves en anaérobie, leurs sucres se sont transformés en alcool. Les taux (protéique et butyrique) n’ont pas connu l’envol constaté avec l’incorporation des betteraves fraîches.
« Le silo sandwich maïs-betterave reste intéressant en fin de saison, indique Alexandre. Quand la chaleur revient au printemps. Cela évite de perdre le stock de betteraves. » La récolte 2024 ayant été importante (près de 80 tonnes brutes par ha), le surplus sera « décrotté » puis mixé dans la mélangeuse avec du maïs grain et de l’ensilage de maïs épi (60 % de betteraves + 30 % d’ensilage de maïs épi + 10 % de maïs grain laminé afin d’avoir un mélange supérieur à 35 % de matière sèche).
« Il n’y a pas de problèmes de butyriques dans le lait à condition que les betteraves soient stockées au moins trois semaines dans de bonnes conditions au sec avant leur distribution ou leur ensilage, indique Lionel Vivenot. C’est un fourrage que certains producteurs de brie de Meaux adoptent lorsqu’ils sont limités en surfaces de pâturage. »
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