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« J’utilise 800 kg de drêches de brasserie par jour pour mes vaches laitières »

Laurent Winckel distribue quotidiennement des drêches de brasserie qu'il récupère toutes les 3 semaines.

Depuis plus de 30 ans, le Gaec Winckel incorpore des drêches de brasserie humides dans la ration de ses vache laitières, à hauteur de 10 %. Il s'approvisionne auprès d'une usine produisant de la bière, située à quelques kilomètres de la ferme.

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Nichée à Hochfelden (Bas-Rhin) au cœur de l’Alsace, la brasserie Météor valorise ses drêches auprès des éleveurs locaux. À quelques kilomètres de là, Laurent Winckel est à la tête d’un troupeau de 130 vaches laitières, majoritairement des prim'holsteins (1), en Gaec avec son frère Antoine. Toutes les trois semaines, il se rend sur ce site de production pour y collecter des drèches de brasserie humides, qu’il intègre à la ration des femelles en lactation.

Une qualité relativement constante

L’exploitation se situe à 3 kilomètres de l’usine Météor. « Nos parents achetaient déjà les drêches il y a une quarantaine d’années, se souvient Laurent. Nous continuons car, en plus d’être économiquement intéressante, cette matière première apporte de l’humidité dans la ration et est appétente. » Malgré la diversité des bières produites par l'usine, la qualité du coproduit est relativement stable. « C’est rarement le jour et la nuit. Si la drêche est plus humide alors je la laisse égoutter plus longtemps. »

Le stock étant consommé en 3 semaines, investir dans des analyses nutritionnelles n'apparaît pas pertinent à Laurent et ses associés. En revanche, le Gaec fait analyser l'ensilage de maïs et celui d'herbe pour ajuster la ration. Les drèches représentent environ 10 % de l’alimentation quotidienne des vaches. « J’en utilise 800 à 850 kg par jour pour 8 tonnes de ration distribuée au total », calcule Laurent. Dans le bol mélangeur, il les incorpore aux trois quarts de la préparation, en raison de leur densité.

Anticiper l’étape de fermentation

L’organisation pour la collecte des drèches est bien rodée. Deux silos bétonnés d'une capacité de 25 tonnes chacun, sont dédiés au stockage des drêches. Le chantier de mise de remplissage occupe bout-à-bout une demi-journée. D’abord, deux allers-retours jusqu’à l’usine prennent près de 2 h 30. « Je verse la première benne de 13 tonnes dans le silo, pour la laisser égoutter pendant que je vais chercher la deuxième. »

Ensuite, c’est au tour de la deuxième cargaison d’égoutter dans la remorque pendant que Laurent repousse la première avec le télescopique. La deuxième benne est déchargée, puis repoussée  dans le même silo le lendemain. « Si c’est bien égoutté, je nivelle à plat avec un râteau. S’il fait chaud, une journée suffit, mais en hiver il faut parfois attendre deux jours. »

Commence alors l'étape indispensable de la fermentation des drêches : bâche, pneus et boudins sont installés. « Lorsque je suis sûr qu’il n’y a plus aucun contact avec l’air, je laisse fermenter deux à trois semaines. C’est pourquoi il faut toujours que j’anticipe cette étape en commandant d’avance des drêches, pour être sûr que le silo soit prêt lorsque j’ai fini le précédent. »

Laurent Winckel distribue quotidiennement des drêches de brasserie qu'il récupère toutes les 3 semaines. (© Laurent Theeten)

Le système fonctionne aujourd'hui à flux tendu : un silo en fermentation pendant que l'autre est en cours d'utilisation. C’est pourquoi le Gaec envisage l’agrandissement des silos. « Je peux me permettre d’agrandir le stockage puisque, si le silo est bien fermé, la qualité peut rester stable un moment. »

Des taux équilibrés

L’étape clé se situe juste avant de fermer les bâches. « Il faut être réactif car les drêches peuvent vite moisir, insiste Laurent. Mais une fois le tas fermé, la qualité ne bouge plus. Lorsque je serre les drêches dans ma main et que la matière reste compacte, je sais que le silo est prêt à être bâché. »

En élevage laitier, un déséquilibre dans l’alimentation a des conséquences immédiates sur la qualité du lait. Au Gaec Winckel, ces coproduits issus de la production de bière apportent un équilibre au niveau des taux. « Nous avons manqué de drêches pendant un laps de temps. Le taux protéique a chuté, et lorsque nous avons réincorporé les drêches, le problème s’est résolu directement. »

(1) le niveau moyen de production du troupeau est de 32 kg de lait par jour et par vache

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