« J’apporte l’herbe fraîche à l’auge tous les jours »
En une heure, Philippe Barbier affourrage en vert ses 130 vaches laitières pour la journée. Ses simmentals restent dans la stabulation à proximité des deux robots de traite.
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« Si les vaches ne peuvent pas aller chercher l’herbe, c’est nous qui leur amenons », décrit Philippe Barbier, éleveur à Ravennefontaines (Haute-Marne). Au Gaec de Séville, un projet de séchage en grange a finalement laissé place à l’affourragement en vert. « Les soutiens financiers au séchage n’ont pas suivi, mais nous avions déjà acheté l’autochargeuse. Nous avons essayé d’aller récolter l’herbe au champ directement », se souvient Philippe, associé avec sa femme Marie-Christine et leur fils Anthony.
Petit retour en arrière. Janvier 2021, les trois associés installent deux robots de traite. « Nous suivons le cahier des charges Emmental grand cru label rouge, qui oblige à distribuer de l’herbe fraîche ou sèche, et interdit les aliments fermentés, explique Philippe. Mais certaines pâtures étaient trop éloignées pour l’accès au robot de traite. » Le système d’alimentation des 130 simmentals a alors été repensé et c’est en mars 2021 que l’affourragement en vert a commencé.
20 ha de prairies temporaires
L’organisation est désormais bien rodée. Un tracteur est totalement réservé à cette tâche. « Nous l’avions sur la ferme depuis 2007. Nous laissons la barre de coupe et l’autochargeuse accrochées dessus en permanence. Il suffit de le démarrer et c’est parti », explique Philippe, le pied sur l’embrayage, prêt à nous emmener au milieu des vingt hectares de prairies temporaires réservées à l’affourragement en vert.
Il s’agit d’un mélange de ray-grass et de trèfle, inclus dans la rotation, semé tous les deux ans. « Nous implantons 30 hectares, dont 20 hectares au plus près de la ferme pour réduire les trajets. » Les 10 hectares restants servent pour des bœufs de 24 mois, uniquement nourris à l’herbe. « Ces mélanges sont très bien valorisés en vert. Nous avons compris qu’il fallait aller chercher de la bonne herbe au champ. Sur des prairies naturelles, ce n’est pas idéal. »
L’autochargeuse permet également d’éviter les refus au champ et de faucher là où les vaches n’iraient pas. « Nous pouvons par exemple récolter l’herbe de l’autre côté de la route. » Avec une coupe quotidienne, le retour se fait toutes les quatre semaines environ, avec un simple repère : faucher avant l’épiaison.
« Nous semions déjà des prairies temporaires pour ensiler et distribuer à des animaux jeunes. Finalement, la ressource était trop bonne pour leurs besoins. Cette méthode nous permet d’optimiser notre gestion de l’herbe et nous avons de l’avance dans nos stocks. Cela nous permet de prioriser la ressource selon sa qualité. »
Six tonnes pour 24 heures
En été, l’herbe représente trois quarts de la ration des vaches laitières (lire l’encadré ci-dessous). « Tout récolter et distribuer me prend seulement une heure par jour. » Pour tenir 24 heures, Philippe récolte 5 à 6 tonnes du mélange de ray-grass et de trèfle. La capacité de l’autochargeuse est de 8 tonnes. « Il est indispensable d’avoir une pesée sur la machine. C’est impossible de deviner à l’œil. »
La pratique est flexible et Philippe peut adapter les volumes en fonction de la météo. « Je m’organise pour éviter la pluie. Par exemple, s’il risque de pleuvoir le mercredi matin, je récolterai 3 tonnes le mardi matin, puis 6 tonnes le mardi soir. Je n’aurai pas à y retourner avant le mercredi soir », expose-t-il. La règle essentielle est de nettoyer l’auge toutes les 24 heures pour que le fourrage ne chauffe pas.
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