Après le rachat de Metex, Avril présente le plan de relance de l’entreprise

Assurer la sécurité de l’approvisionnement en lysine de l’Europe. Ce sont, excusez du peu, les intentions annoncées par Avril en rachetant Metex, société spécialisée dans la production d’acides aminés par fermentation. En difficulté, cette dernière a été reprise par le cinquième groupe agroalimentaire français, qui produit, entre autres, de la nourriture pour les animaux, sous la marque Sanders.

Au cours d’une conférence de presse donnée à Amiens sur le site même de l’usine, le 16 juillet 2024, Jean-Philippe Puig, directeur général d’Avril, a concrétisé ce rachat et annoncé le changement de nom de l’entreprise, qui devient Eurolysine.

« Principale production de l’entreprise, la lysine est un composant essentiel des aliments du bétail, souligne-t-il. Elle est notamment importante pour diminuer les émissions de méthane entérique chez le ruminant. » Il ajoute que l’usine amiénoise est la seule en Europe à fabriquer de la lysine.

Les autres fabricants se trouvent en Chine et en Corée. Maintenir une production en France permet donc non seulement d’approvisionner Sanders mais aussi de proposer un fournisseur aux autres clients européens. « Il n’est pas acceptable que l’Europe ne soit pas souveraine en la matière », résume Jean-Philippe Puig.

130 millions d’euros d’investissement

S’agissant du volet économique de l’opération, Avril annonce un plan d’investissement de 130 millions d’euros pour relancer Eurolysine. « Nous devons remettre à niveau l’outil de production, faire de la recherche et retrouver des talents qui occuperont les postes actuellement vacants », détaille le directeur général d’Avril.

Cette somme est financée non seulement par le groupe agroalimentaire mais aussi par l’État, par la Région Hauts-de-France, par Amiens Métropole et par BPI France. Plus en détail, la recapitalisation de l’entreprise nécessite 50 millions d’euros. Une somme dont Avril débourse 55 %, l’État contribuant pour les 45 % restants. Un nouveau fonds de roulement va, lui aussi, devoir être financé, pour un montant qui n’est pas encore connu.  « Les inventaires sont en cours ».

70 000 tonnes de lysine par an

L’objectif du groupe Avril est de relancer la production pour saturer les capacités de l’outil d’ici  quelques années, au fur et à mesure de la restructuration de l’entreprise et de l’augmentation de la demande. Objectif de production : 70 000 tonnes de lysine par an, dont 12 000 à 15 000 seront destinées à Sanders. Il ne sera pas le seul acide aminé produit cependant. Car s’il est le plus utilisé, il n’est pas celui qui dégage le plus de marge. Le tryptophane et l’arginine, qui sont secondaires en volume, sont plus performants sur ce plan. « Il est donc important de garder cette pluralité dans les productions », pointe Jean-Philippe Puig.

Concernant les partenaires de la société, Avril annonce avoir d’ores et déjà conclu des contrats avec ses trois principaux fournisseurs de sucre. « Nous ne nous serions pas lancés dans cette aventure sans cela », précise Jean-Philippe Puig. La société veut également faire face à la concurrence chinoise, qui casse les prix : « Une plainte a été déposée auprès de l’Europe pour dumping. Elle est en cours d’instruction et jugée recevable. Nous allons poursuivre la procédure. »

Enfin, Avril veut faire évoluer Eurolysine pour diminuer son empreinte environnementale. La production d’acides aminés par fermentation impliquant une forte consommation d’énergie et d’eau, il s’agit de mettre en place des changements qui pourront la diminuer. « Cela nécessite du cash, des spécialistes, des idées et nous avons tout cela », conclut Jean-Philippe Puig.