La robotisation au service d’un double troupeau bovin
Après le robot de traite, Laurent et Loïs Bouchiche ont installé un automate d’alimentation pour leurs 85 prim’holsteins et leurs 67 vaches salers.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
« Nous avons été précurseurs dans le département avec notre robot d’alimentation », sourit Loïs Bouchiche, associé avec son père Laurent depuis 2020 à Manglieu dans le Puy-de-Dôme. L’installation du jeune homme, qui a remplacé son oncle, suscite un nouveau virage dans l’exploitation familiale avec la construction d’un bâtiment regroupant l’ensemble du troupeau allaitant, jusqu’alors dispersé sur trois sites.
Père et fils investissent aussi dans un robot d’alimentation qui impose la construction d’une « cuisine » regroupant tous les ingrédients des différentes rations ainsi que des couloirs bétonnés avec rail longeant tous les couloirs d’alimentation.
Moins de refus
« Au lieu de distribuer une ration une fois par jour aux différents lots de bovins, nous alimentons la cuisine tous les quatre jours avec les matières premières composant les neuf rations préétablies. Nous estimons notre temps de travail divisé par trois grâce à cet équipement répondant aux besoins de nos deux troupeaux bovins », précise Loïs. Les éleveurs ont investi 140 000 € dans le robot, 35 000 € dans la cuisine et 20 000 € pour les couloirs de circulation en béton (subvention de 30 % sur l’ensemble).
L’automate circule d’un bâtiment à l’autre, repousse systématiquement les rations devant les animaux. Il relance la fabrication d’un bol lorsque le seuil de quantité de nourriture est détecté. Il assure ainsi cinq à six distributions par jour pour les laitières, une pour les allaitantes et deux pour les taurillons. Grâce à la fraîcheur et l’appétence de ces rations fractionnées les refus ont été divisés par dix.
« L’investissement est important mais nous avons des répercussions positives »
Le robot de traite a quant à lui été installé dès 2011 lorsque l’oncle de Loïs a remplacé son grand-père et que leur salarié a pris sa retraite. Un bâtiment de stockage avait été allongé pour abriter l’automate et les vaches laitières disposant de 85 logettes, deux couloirs raclés sur tapis et un couloir d’alimentation central. L’ancien bâtiment des laitières est alors devenu stabulation paillée pour les taurillons salers et croisés salers/charolais.
« Nous nous sentons plus proches de nos bovins que lorsque nous trayions à la machine car le temps dégagé est mis à profit pour les observer et les trier. Nous sommes plus détendus en période de pics de travail extérieur sur les clôtures, les récoltes d’herbe, et les cultures. Nous gérons aussi une microentreprise de travaux agricoles », précisent les deux éleveurs.
Rationnement adapté
La production de lait est à son équilibre avec 10 000 kg à 32,1 g/kg de TP (taux protéique) et 38,7 g/kg de TB (taux butyrique) en moyenne par lactation. Le robot de traite a permis de diminuer les mammites en anticipant les problèmes. Les chaleurs sont détectées en permanence dans le bâtiment et une alerte est générée sur l’ordinateur du robot.
« Nous souhaitons aujourd’hui augmenter la longévité du troupeau et passer le taux de renouvellement de 35 à 30 % . Nous sommes aussi en train d’abaisser l’âge au premier vêlage de 4, voire 5 mois grâce à l’alimentation robotisée de précision », explique Loïs. L’objectif est d’obtenir des premiers vêlages à 24-25 mois. Le troupeau est inscrit depuis ce printemps pour mettre à profit les deux pointages annuels et peaufiner le choix des reproducteurs.
Le troupeau allaitant désormais regroupé sous le même toit bénéficie lui aussi d’un rationnement adapté à chaque type d’animal. Le troupeau conduit aux deux tiers en croisement produit des génisses de renouvellement, des broutardes croisées et des taurillons. « La ration de préparation au vêlage a été mise en place avec le robot d’alimentation. Nous constatons un meilleur démarrage et une meilleure santé des veaux. »
En 2023, les éleveurs se sont équipés d’une presse avec couteaux. 100 % du fourrage est ainsi haché à 7 cm, ce qui augmente sa digestibilité. Ce hachage diminue aussi le temps de mélange et l’usure du bol. « Nous sommes satisfaits de notre stratégie d’alimentation des troupeaux. L’investissement est certes conséquent mais nous en avons déjà des répercussions positives sur nos bovins. Et une mélangeuse et un tracteur nécessitent de toute façon d’investir entre 100 000 et 150 000 euros ! »
Pour accéder à l'ensembles nos offres :