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Diminuer les émissions de méthane des bovins grâce aux bactéries de kangourous

Chez les kangourous, des bactéries acétogènes et homoacétogènes remplissent la même fonction que les bactéries méthanogènes du rumen.

Des chercheurs américains ont développé une culture microbienne à partir d’excréments de kangourous. Elle semble bloquer la production de méthane chez les vaches.

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Et si les kangourous étaient la clé pour diminuer la production de méthane dans les élevages bovins ? C’est la piste étonnante étudiée très sérieusement par des chercheurs de l’Université de l’État de Washington. Ils ont développé une culture microbienne, à partir d’excréments de kangourou, capable d’inhiber la production de méthane dans un simulateur de rumen de vache.

Ce gaz à effet de serre est particulièrement problématique en raison de son pouvoir de réchauffement, 25 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO₂). L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé en octobre 2022 (1) que le bétail représente environ 11 % des émissions annuelles totales de gaz à effet de serre. De nombreuses pistes sont explorées pour réduire les émissions de méthane.

Produire de l’acide acétique

Chez les bovins, la méthanogenèse est un processus crucial impliqué dans la dégradation de la cellulose des plantes qu’ils consomment. Elle élimine l’hydrogène produit lors de la fermentation, équilibrant ainsi le processus de digestion des glucides. Mais chez certains marsupiaux, comme les kangourous, des bactéries acétogènes et homoacétogènes remplissent la même fonction que les bactéries méthanogènes du rumen : elles effectuent l’étape finale de l’élimination de l’hydrogène dans leur estomac. La digestion se fait sans production de méthane.

De ce constat est venue l’idée à une équipe de l’Université de l’État de Washington, aux États-Unis, de remplacer les bactéries méthanogènes par des acétogènes et homoacétogènes chez les vaches, afin de produire de l’acide acétique au lieu du méthane. Certaines bactéries homoacétogènes sont naturellement présentes dans le rumen, mais elles ne sont pas impliquées dans le processus de fermentation.

Une fermentation sans méthane

Les chercheurs ont mis au point un rumen artificiel. Plusieurs cultures ont été testées : une culture pure d’Acetobacterium woodii (une bactérie homoacétogène) et une culture mixte acétogène, nommée DBK, établie dans leur laboratoire à partir d’excréments de jeune kangourou. Seules, ces cultures n’ont montré qu’un effet limité sur la réduction de la production de méthane. Avec l’ajout d’un inhibiteur de méthanogenèse, les mélanges aboutissent à un processus de fermentation fonctionnant correctement sans production de méthane. Les chercheurs espèrent essayer prochainement cette solution sur des vaches.

Il existe d’autres solutions (lire l’encadré), mais elles sont souvent coûteuses à mettre en place. Dans le cas présenté ici, les chercheurs responsables de l’étude estiment qu’en plus d’une diminution des émissions de méthane, la production d’acétate permet de disposer de 2 à 12 % d’énergie supplémentaire pour la croissance de l’animal. Un argument non négligeable pour les éleveurs.

(1) Sur la base des données de 2015.

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