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Réussir le pâturage hivernal des bovins

« Les vaches se portent très bien en extérieur l'hiver. Nous n'avons eu aucun problème parasitaire », rapporte Julien Fortin, responsable de la ferme expérimentale de Thorigné d'Anjou.

Économie de fourrages, équilibre de la ration… Le pâturage en hiver n’abîme pas la prairie et fonctionne en système allaitant comme laitier.

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« La pratique du pâturage hivernal intrigue car les hivers sont plus doux et plus secs », partage Rémy Delagarde, chercheur en alimentation des bovins à l’Inrae. Les fermes expérimentales de Thorigné-d’Anjou (Maine-et-Loire), de la Blanche Maison (Manche) et de Trévarez (Finistère) l’ont testé sur leurs troupeaux bovins laitiers et allaitants et sont convaincues. « Après deux ans d’expérimentations, nous n’avons relevé aucun impact négatif sur les prairies », expose Julien Fortin, responsable de la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou. La pratique permet même de mieux gérer le stock d’herbe.

« La productivité de la prairie n’est pas pénalisée. Certes, ce qui a été mangé en hiver ne se retrouve pas au printemps, mais c’est un avantage : le pâturage hivernal fait office de déprimage. Au retour des beaux jours, la mise à l’herbe est plus souple, car le pic de repousse est plus simple à gérer », explique Julien Fortin. « La production n’est pas moindre, elle est juste plus étalée », résume Rémy Delagarde. Seul point de vigilance, la portance des parcelles. Les sols argileux couplés à la pluie peuvent poser problème.

Pour Julien Fortin, « la solution est de limiter le chargement et de pratiquer le pâturage tournant. Nous étions à 0,5 UGB par hectare et n’avons eu aucune destruction des prairies. » Claire Caraës, chargée d’études en production laitière biologique à la chambre d’agriculture de la Bretagne, insiste sur la nécessité de préserver la qualité des chemins pour faciliter l’accès aux parcelles.

Gain de GMQ en allaitant

La ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou a mené 20 bœufs limousins en plein air intégral deux hivers consécutifs. Des économies de paille, de foin et de charges liées au fonctionnement du bâtiment ont été réalisées. En prime, les animaux ont présenté un meilleur GMQ. « Nous sommes passés de moins de 400 g en bâtiment à 600 g avec la conduite en pâturage hivernal. La qualité de l’herbe est très bonne, très riche en azote. Tout ça avec une conduite économe en foin et compléments. On s’est également affranchi des pertes de poids liées à la transition alimentaire. À un même âge donné, l’animal est donc plus lourd », rapporte Julien Fortin.

Davantage de lait

En élevage laitier, le pâturage hivernal fait aussi ses preuves. Pour Rémy Delagarde, « c’est moins compliqué qu’en atelier allaitant, car il n’y a pas besoin de bâtir un système autour de la pratique. Profiter de conditions météo favorables pour sortir les vaches quelques heures par jour suffit. » L’expérience a été menée pendant 8 semaines à la ferme expérimentale de Trévarez pendant l’hiver 2022-2023.

Un lot de 25 vaches laitières est resté au bâtiment, quand 25 autres recevaient la même ration quotidienne mais sortaient trois heures par jour au pâturage. Résultat ? « Le lot au pâturage a consommé en moyenne 1 kg d’ensilage d’herbe en moins par vache et par jour », rapporte Claire Caraës. « Les vaches ont produit 2 kg de lait en plus par jour par rapport au lot témoin. Et la ration à l’herbe est plus équilibrée. Nous n’avons pas vu d’effet négatif sur les taux, ni sur la santé des animaux. »

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