Fourrages Réduire la part de maïs dans la ration des vaches laitières
Au Gaec des Buttes Saint-Michel, dans le Pays d’Auge, Mathieu Gauquelin et ses associés misent sur une ration à base d’herbe et de maïs pour réduire leur consommation d’aliment concentré.
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Installé depuis 18 mois avec son père et un associé, Mathieu Gauquelin avait deux possibilités pour créer davantage de valeur sur la ferme : agrandir le troupeau de Normandes, ou optimiser l’outil de travail. C’est la seconde option qui a été choisie et pour ce faire, le jeune éleveur mise sur l’herbe.
Cette dernière a toujours fait partie du quotidien de l’exploitation du Calvados. Les 90 Normandes ont toujours eu accès à la trentaine d’hectares de prairies attenantes, et pâturent au fil de la mi-mars à la fin de juin, et de la mi-septembre à la fin d'octobre. Impossible cependant d’étendre la saison de pâturage sur les pentes séchantes des buttes Saint Michel.
Plus d’herbe et moins de correcteur
Le reste de l’année, Stéphane Gauquelin misait sur le maïs, mais il le concède, « l’ensilage était pauvre et l’on avait du mal à équilibrer la ration. Non seulement cela coûtait cher, mais l’on avait des vaches assez facilement proches de l’acidose ». En 2017, l’éleveur distribuait en moyenne 5 kg de concentrés à ses vaches laitières : 4,5 kg de tourteau de colza pour équilibrer la ration, et 1 kg de VL pour les vaches à plus de 24 l de production.
Avec un tiers d’herbe dans la ration, il utilise désormais 3,5 kg de concentré par vache et par jour en moyenne. Cela reste important, mais permet de produire durant la période estivale pour obtenir les primes « lait d’été » de la Fromagerie de Livarot (anciennement Graindorge).
En réduisant l’utilisation des concentrés, la marge sur coût alimentaire est passée de 335 € / 1 000 l il y a 5 ans, à 415 €. La nouvelle ration a également permis d’améliorer le niveau de production de l’exploitation, passant de 17,8 l de moyenne par vache laitière en 2017 à 21,6 l en 2022.
"Avoir deux types de fourrages, c'est une manière de se sécuriser"
L’herbe est maintenant une culture à part entière. 12 ha de prairie temporaire lui sont dédiées. Deux mélanges ont été implantés : un premier composé de Ray-grass Italien et de Trèfles (de Perse, d’Alexandrie et Trèfle Squarossum), et un second de fétuque élevée, trèfle et luzerne. Deux coupes en ensilage sont réalisées au printemps, et une coupe d’automne vient compléter le stock fourrager, en enrubannage cette fois.
« On privilégie la qualité à la quantité » explique l’éleveur en présentant ses résultats d’analyses fourragères à 212 g/kg MS de MAT pour l’ensilage Ray-grass trèfle, et 190 g/kg de MAT pour l’enrubannage du second mélange.
Gagner en autonomie protéique
Fini les dérobées récoltées avant le maïs qui altéraient le rendement de la culture principale. Seuls 6 ha de terres profondes en accueillent avant maïs : « j’implante un mélange avec 60 % de trèfle et 40 % de Ray-grass, l’association des deux espèces permet d’avoir un fourrage déjà équilibré » commente Mathieu.
Si la culture de l’herbe permet à l’exploitation de gagner en autonomie protéique, elle présente des rendements moins intéressants que le maïs. Au Gaec des Buttes Saint-Michel, le rendement en maïs ensilage est de 12 t de MS/ha cette année, contre 7 t de MS pour les ensilages d’herbe. Il faut donc affecter davantage de surface à l’alimentation des animaux, une stratégie qui a été possible par la reprise de terres lors de l’installation de Mathieu, mais également par l’arrêt des cultures céréalières. « À cinquante quintaux par hectare, ça n’était pas rentable ».
Si à l’avenir Mathieu cherche à développer encore la culture de l’herbe sur l’exploitation, il n’en reste pas moins attaché au maïs : « Avoir deux types de fourrages, c’est une manière de se sécuriser. Avec le changement climatique, autant ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier », sourit l’éleveur.
Un troupeau plus performant
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