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Vache laitière évaluer son état corporel avant de l'inséminer

La recherche d'un compromis entre la production laitière et la reproduction, en particulier pour les hautes productrices, est incontournable.

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Production et reproduction n'ont jamais fait bon ménage, car elles entrent en concurrence pour les apports énergétiques. Pour un bon démarrage de lactation, l'objectif est d'amener une vache au vêlage avec une note d'état corporel de 3,5. Cette note intègre l'amaigrissement consécutif à la mise en place de la lactation, alors que la vache n'a pas encore retrouvé sa capacité d'ingestion.

Variation d'état

Pour favoriser la reproduction, c'est la variation de l'état d'engraissement, plus que l'état lui-même, qui est un indicateur important : moins l'animal maigrit, mieux c'est.

 

« La perte d'état après vêlage ne doit pas dépasser 1 point sur un mois et demi à deux mois », conseille Bruno Le Bihan, de Créavia. Si une vache est peu en état au vêlage, avec une note de 1,5 ou 2, mais qu'elle ne maigrit pas par la suite, sa reproduction est peu altérée.

 

En revanche, le démarrage de la production est pénalisé. A l'inverse, un animal très en état, qui perd ensuite plus de 1,5 point, accroît les risques de maladies métaboliques et subit immédiatement une dégradation de sa fertilité.

L'éleveur est donc contraint de trouver un compromis entre production et reproduction. La note d'état corporel est un outil parmi d'autres (niveau de production, TB et TP) pour l'aider à décider du moment de la mise à la reproduction.

Elle permet aussi de détecter les périodes à risque : changement de régime, utilisation de fourrages qui accélèrent le transit (herbe jeune), ration déséquilibrée... « Ces temps-ci, avec le mauvais temps, les transitions alimentaires sont subies, avertit Bruno Le Bihan. Il faut allonger leur durée et conserver le maïs si les animaux maigrissent trop vite. »

Les conseillers des contrôles laitiers et les techniciens d'insémination sont formés à la grille de pointage pour évaluer l'état des vaches. « Mais le suivi se fait de plus en plus au niveau du troupeau, pas de l'animal, souligne Bruno Le Bihan. Demain, personne n'aura le temps de noter les animaux individuellement. »

Deux outils offrent à l'éleveur des données objectives : le robot de traite, qui pèse les vaches lors de leur passage, ou la bascule en sortie de salle de traite. L'automatisation de la collecte des données est une voie pour retravailler l'état corporel.

Ainsi, les courbes de poids modélisées dans les logiciels des robots sont exploitables. Les éleveurs qui pilotent les IA avec cet outil ont d'ailleurs tendance à attendre plus longtemps avant la mise à la reproduction, et à utiliser moins de paillettes que les autres.

Témoignage : PATRICE JAOUEN, éleveur laitier à Plouénan (Finistère)

« Une vache doit avoir repris de l'état avant l'IA »

 

« Pour être mise à la reproduction, une vache ne doit plus être en train de perdre du poids. Elle ne doit pas être sèche, mais doit avoir repris des réserves graisseuses et être en forme. Elle aura donc passé le pic de lactation. Je me fie à mon oeil d'éleveur.

 

En parallèle, je regarde la courbe du TP : j'attends qu'il ait bien remonté. Je connais aussi le potentiel génétique de mes animaux. J'attends davantage pour inséminer les souches très laitières. Une vache ne peut pas tout faire : si elle produit beaucoup de lait, sa fertilité en pâtit forcément. Le niveau d'étable de mon troupeau de 50 prim'hsolteins est à 10.500 l, et il a grimpé jusqu'à 11.400 l.

En traite robotisée, avec de tels niveaux de production, il faut allonger les délais de mise à la reproduction pour faire durer les animaux plus de deux lactations et améliorer les taux de réussite à l'insémination. Ceux-ci sont bons dans mon élevage. Pour cela, je n'insémine jamais au pic de lactation !

Pour les 33 vaches actuellement gestantes, l'intervalle vêlage-première IA (IA1) est de 175 jours, avec un taux de réussite en IA1 de presque 60 %. Les problèmes se concentrent sur les trois premiers mois de la lactation. Après, ça roule. Qu'une vache fasse ensuite 12 ou 15 mois de lactation, si son niveau de production est bon, ça ne me dérange pas. J'évite ainsi de tarir à 35 kg.

Actuellement, une primipare est à 54 kg de lait par jour. Il est inconcevable que je l'insémine à 90 jours. Elle attendra peut-être 200 jours... »

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