Analyser les parcelles en profondeur pour tirer le meilleur de ses sols
La mesure précise de différents paramètres du sol permet de piloter la fumure de fond au plus juste.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Avec un coût des intrants de plus en plus élevé, plusieurs solutions existent pour réduire les charges tout en maintenant les rendements. L’une des solutions simples, mais pas forcément très utilisées, passe par une analyse précise et ciblée des terres afin de lisser le ratio charge/rendements de chaque parcelle en fonction de ses besoins réels.
C’est dans ce but qu’Aymeric Dupille, agriculteur sur la commune d’Acy-en-Multien (Oise), a fait appel à Alexandre Weil de l’entreprise Precifield pour analyser une partie de ses parcelles. « Je souhaitais mieux travailler en gérant mieux les engrais, en vue d’optimiser le potentiel mes sols », indique l’exploitant.
Ce dernier a d’ailleurs, avec son associé, décidé de se concentrer sur les parcelles en pente, car avec leur expérience, ils savent que les éléments apportant une bonne fertilisation aux plantes ne se trouvent pas au même endroit, en haut ou en bas. Une fois les zones à scanner choisies, Precifield est intervenu dans les champs pour analyser la terre en profondeur.
Analyser les sols
Alexandre Weil explique que l’analyse des parcelles se fait en plusieurs phases. « Pour la première étape, je passe dans les parcelles à analyser à une vitesse située entre 5 et 10 km/h avec un outil derrière mon pick-up. Je fais des allers-retours tous les 22 m. » Il est important que la terre ne soit pas gelée, pas détrempée ou trop sèche afin de ne pas abîmer le matériel, très sensible.
L’outil d’analyse est composé de plusieurs capteurs. Quatre disques sont conçus pour mesurer toutes les secondes la conductivité du sol. Les deux disques situés au milieu de l’outil envoient un signal aux disques des extrémités. Les différentes vitesses du signal ainsi mesurées permettent de caractériser les différentes textures de sol (argile, calcaire, etc.).
Un capteur infrarouge mesure la réflexion du sol afin d’identifier des zones foncées (plus c’est foncé, plus il y a de matière organique). Une sonde qui mesure l’acidité des sols est aussi présente. Un vérin la descend dans la terre à chaque fois que l’ensemble s’arrête, environ tous les 50 m. Une fois que le capteur remonte, ce dernier est nettoyé par deux buses qui envoient de l’eau, afin d’éviter de fausser toutes les futures mesures.
Des données utiles
Une fois l’outil passé dans les parcelles, toutes les données issues de l’analyse mécanique du sol servent à établir des cartes. Une de la texture de sol en CEC (capacité d’échange cationique), une affichant le taux de matière organique dans la terre et une carte du pH (acidité) des sols.
« Généralement, je fais quatre analyses de sol pour 10 ha, car je cible les zones où mes données (teneur en MO, acidité et type de sol) sont les plus basses et là où elles sont les plus hautes afin de savoir quel facteur corriger. Les prélèvements ainsi effectués sont envoyés en laboratoire pour obtenir les valeurs en phosphore, potassium et magnésium », expose Alexandre.
Cinq cartes supplémentaires sont éditées. Elles comprennent la topographie affichée en mètres, les zones de potentiel homogène et les trois autres incluant les teneurs en phosphore (P), potassium (K) et magnésium (Mg). Ces cartes viennent s’ajouter à celles déjà existantes (texture du sol, taux de matière organique et acidité). Toutes appartiennent à l’agriculteur qui peut les utiliser à sa guise pour piloter ses différents apports.
Corriger avant d’économiser
« À la réception des cartes, j’ai décidé de commencer par redresser les zones à faibles teneurs en phosphore et en potasse. Un planning prévisionnel des apports sur dix ans a été créé avec le logiciel IPrecifarm et des agronomes. Les cartes de modulations sont directement générées sur le site, j’ai juste à affiner les chiffres et à les exporter pour les utiliser au champ. » Pour ce faire, Aymeric va appliquer sur une base minimale de 100 %, 30 à 40 % de dose supplémentaire dans les zones les plus basses.
A contrario, l’agriculteur compte réduire la dose de 20 % dans les zones riches. Le cultivateur a fait le choix de garder une dose minimale même dans les zones riches, car il souhaite éviter d’appauvrir son sol tout en fournissant l’engrais dont la culture a besoin. « Il est vrai que je ne vais pas économiser d’engrais le temps de redresser mes parcelles, mais normalement, les zones concernées par la surdose devraient augmenter progressivement en rendement et contrebalancer doucement les surcoûts », espère le chef d’exploitation.
Quand il aura plus de temps, il compte se pencher sur les cartes de matière organique et d’acidité, mais préfère pour le moment avancer étape par étape pour redresser ses sols.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :