Comment adapter la fertilisation azotée en agriculture de conservation
Dans les Pays de la Loire, la chambre d’agriculture a coordonné un projet visant à éclaircir la question de la nutrition des plantes en agriculture de conservations des sols.
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Objectiver le ressenti des agriculteurs sur la nutrition des plantes en agriculture de conservation des sols (ACS). Telle était l’ambition de NutripAC, un projet régional coordonné par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, entre 2021 et 2024 (1). « Dans notre région, de plus en plus d’agriculteurs s’intéressent à l’ACS avec, dans le même temps, de nombreuses interrogations sur la nutrition des plantes », explique Virginie Riou, conseillère à la chambre d’agriculture.
Par manque de références nationales et régionales, la chambre d’agriculture a mis en place un observatoire de pratiques et deux plateformes expérimentales. Les trois dispositifs ont été élaborés chez des agriculteurs, sur blé tendre d’hiver, avec des modalités en bandes. Plusieurs d’indicateurs ont été mesurés ou collectés, tels que l’indice de nutrition azotée (INN) à différents stades de la culture et le nombre d’épis au m², pour ne citer que deux exemples.
Blé tendre : comment ajuster l’azote en ACS ? (02/04/2024)
Diversité de pratiques
Plus de 50 pratiques innovantes ont été recensées dans cet observatoire auquel 16 agriculteurs ont participé. La chambre d’agriculture a identifié six sous-familles de pratiques : enrobage des semences, fertilisation localisée et apport d’oligo-éléments au démarrage de la culture, fractionnement, décalage des apports et à nouveau oligo-éléments en végétation.
« De ces six sous-familles, aucune ne ressort statistiquement, relève Agathe Lemoine, de la chambre d’agriculture. Par exemple, nous n’arrivons pas à conclure que ce sont les stratégies de fertilisation localisée qui fonctionnent le mieux à chaque fois. » La conseillère met un point d’attention sur la représentativité de certains résultats : « Le nombre de pratiques différentes étant important, il aurait été nécessaire d’avoir encore plus de parcelles suivies par typologie pour espérer des données statistiques plus précises. »
Carence rattrapée
Sur le volet expérimental, la première plateforme visait à évaluer l’effet de la présence d’une légumineuse et du décalage des apports en végétation sur la nutrition du blé. Les parcelles, situées dans le Maine-et-Loire, étaient conduites en semis direct sous couvert (SDCV), de luzerne en 2023 et d’un mélange de trèfles en 2024. « En tendance, les résultats montrent un rendement plus important quand on décale les apports, de 5 à 10 q/ha en moyenne », indique Mathieu Lorin, enseignant chercheur à l’ESA. Quant à l’impact des légumineuses, il s’avère très variable, probablement en raison « d’une stratégie de régulation plus ou moins stricte ».
La deuxième plateforme s’est intéressée à l’ACS, sur un système de polyculture-élevage dans la Sarthe. Elle a comparé l’effet de l’apport ou non d’une fertilisation localisée au semis, en semis direct par rapport à un travail du sol à l’implantation (TCS). « En tendance, les résultats sont très proches, sans modalité qui décroche plus qu’une autre », relève Alexandre Hatet, de la chambre d’agriculture. « Nous avons tout de même observé quelques différences, par exemple une biomasse un peu plus importante avec le starter, conduisant à un rendement supérieur de 7,8 q/ha en 2024 par rapport au sans starter sur la modalité en semis direct. »
Une carence azotée en début et milieu de cycle a aussi été observée sur les deux ans de suivis, ce qui confirmerait le ressenti des agriculteurs quant au démarrage lent des cultures. Néanmoins, un rattrapage en fin de cycle a été constaté. « La plante serait donc capable d’aller chercher ce dont elle a besoin dans le sol, en particulier dans des conditions très limitantes », suppose Alexandre Hatet.
(1) En partenariat avec l’École supérieure des agricultures (ESA), les établissements Pohu et l’École supérieure d’agrodéveloppement international (ISTOM) et financé par la Région Pays de la Loire.
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