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« Avec notre ancienne rotation, on allait dans le mur »

Pierre-Jean Delherme a réduit ses IFT grâce à ses pratiques et à sa rotation diversifiée. Son système qui dépendait de la charrue dépend désormais du glyphosate.

Face à l’érosion de ses sols, Pierre-Jean Delherme a progressivement modifié son système de culture pour répondre aux besoins de son élevage porcin.

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Aux côtés de son père et de son frère, à Montpeyroux dans le Puy-de-Dôme, Pierre-Jean Delherme élève des porcs charcutiers transformés à la ferme et vendus en direct. Sur l’exploitation, la rotation des cultures est dictée par le besoin en paille et en grain de l’atelier porcin, les animaux étant élevés sur paille depuis la construction du nouveau bâtiment d’élevage.

« Remettre l’agronomie et la fertilité au cœur du système »

La surface de 80 hectares restreignait l’assolement : un tournesol en tête de rotation, deux blés et une orge d’hiver. « Le retour sur paille était très important », résume Pierre-Jean Delherme. Travail intensif obligatoire des sols, érosion, gestion difficile des graminées… La rotation a montré ses limites. « On allait dans le mur, appuie Pierre-Jean Delherme. Il y a cinq ans, j’ai mis un point d’honneur à remettre l’agronomie et la fertilité au cœur du système. »

Pierre-Jean Delherme commence par limiter le travail profond du sol et investit dans une charrue à sécurité hydraulique, moins agressive pour ses terres légères et pierreuses. Pendant trois ans, des moutons pâturent les couverts intermédiaires multi-espèces implantés après labour. L’arrêt du labour, il y a deux ans, contraint cependant à arrêter la collaboration avec les moutonniers.

« Le pâturage de couverts semés sans labour préalable a été un échec, car les brebis tassent le sol, rapporte Pierre-Jean Delherme. Pour que cela fonctionne, il faut mettre en place un pâturage tournant dynamique. Cela implique de changer tous les jours le parc, mais les moutonniers avec qui je travaillais habitant loin, c’était une gestion trop compliquée. »

Parcellaire agrandi

En 2022 s’est présentée l’opportunité de reprendre 60 hectares, permettant de revoir l’assolement et de mettre en place différentes rotations selon le potentiel et l’irrigation des parcelles. En plus de sécuriser l’alimentation des porcs, la diversification des cultures est bénéfique pour la gestion des adventices, en particulier du ray-grass.

En 2022, la reprise de 60 hectares a permis de revoir l’assolement et de mettre en place différentes rotations selon le potentiel et l’irrigation des parcelles.

Pierre-Jean Delherme cultive désormais du colza, du blé, du maïs, de l’orge d’hiver, du pois d’hiver et de la féverole pour ses couverts.  « Pour la prochaine campagne, j’abandonne le tournesol car il est difficile de l’implanter en direct. Cette année, j’ai été obligé de travailler le sol avant de le semer », explique-t-il.

L’agriculteur a progressivement glissé vers l’agriculture de conservation et le semis direct, limitant l’érosion des sols et gagnant aussi du temps au champ. « J’ai retrouvé une population de vers de terre incroyable ! », s’enthousiasme-t-il.

Apprendre de ses erreurs

Depuis deux ans, il implante du maïs en direct dans un couvert de féverole. « La première année, j’ai fait une erreur de gestion de mon couvert sur une parcelle, explique-t-il. La féverole a gelé et a dénudé mon sol, qui a été asséché par le vent. J’ai semé le maïs dans la poussière. Je pensais la féverole détruite, mais elle est repartie, et a continué à puiser la ressource en eau. J’ai dû irriguer le maïs pour qu’il germe. » L’an prochain, il sèmera la féverole plus tard, et l’associera à d’autres espèces.

Dans le système de Pierre-Jean Delherme, le maïs est vendu, tandis que le pois est destiné à l’alimentation des porcs. Il vise une viande de haute qualité, qu’il valorise en vente directe. « Cela faisait des années qu’on avait arrêté la culture du pois car ce n’était pas rentable économiquement. Je vendais le tournesol et le maïs pour en acheter. » L’intérêt d’une légumineuse dans la nouvelle rotation, et le progrès génétique ont poussé au retour du pois sur l’exploitation, pour l’instant. « Si j’ai trop de difficultés à le cultiver, j’essaierai de l’implanter en association avec une autre culture qui servira de tuteur », indique-t-il.

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