Se diversifier pour capter de la valeur ajoutée en bio

Aurélien Berthe s’est installé en 2023 à la Neuville-sur-Oudeuil, dans l’Oise, sur l’EARL de la Forêt. Associé à Marie-Hélène Ortégat dont il a remplacé le frère qui partait à la retraite, le jeune agriculteur est à la recherche d’une sécurité économique et cherche à se diversifier. L’assolement est ainsi constitué de nombreuses cultures et associations (19 en 2024-2025) qui assurent une régularité de rendement global.

« La ferme est composée d’un grand nombre de parcelles, raconte Aurélien. Nous avons transformé cet inconvénient en avantage et découpé notre assolement. » Les productions sont choisies en fonction du potentiel agronomique et de la valorisation économique possible. 

Tous les ans, une ou deux cultures apparaissent ou disparaissent en fonction de leurs résultats et des opportunités avec les industriels. « En circuit court, nous vendons des petits volumes, nous ne sommes donc pas obligés d’en faire tous les ans », expose-t-il.

Décorticage des graines

Le petit épeautre reste la culture majoritaire. « Cette culture rustique est bien adaptée chez nous, elle nécessite peu de fertilisation et nous avons un débouché assuré », se félicite Aurélien. Les graines sont envoyées dans une entreprise de décorticage de céréales biologiques, proche de l’exploitation. Même chose pour le grand épeautre.

Les producteurs sécurisent aussi leurs débouchés grâce à des contrats de semences avec Lemaire-Deffontaines (orge d’hiver en 2024 ou du petit épeautre d’hiver en 2025). Nouveauté cette campagne : le semis d’avoine de printemps, à la demande d’un industriel qui a monté une floconnerie dans l’Oise (Adicer) pour le marché du bio sans gluten.

Les légumineuses, comme le lentillon ou la féverole, sont conduites en association avec une céréale, du grand épeautre ou du triticale. « Cela permet de limiter le salissement des parcelles et d’assurer un double débouché », détaille le producteur. Il en est de même pour la lentille verte avec la cameline. Cette dernière fait office de tuteur et de désherbant pour la lentille verte qui est lente à démarrer. 

Quant à la luzerne, 8 à 10 ha sont implantés tous les ans dans une céréale de printemps, pour trois ans. Elle est destinée à deux éleveurs laitiers avec qui l’EARL est en assolement en commun. « La luzerne est indispensable en bio, soutient Aurélien. Nous la faisons revenir tous les 7 à 10 ans en fonction du salissement des parcelles en vivaces et en folle avoine. »

Maîtriser les débouchés

Pour l’instant, la conjoncture difficile en bio ne pénalise pas les résultats de l’EARL, même si « 2024 n’a pas été facile, reconnaît Aurélien. Mais nous avons l’avantage d’être très diversifiés et les charges sont faibles. Nous travaillons à la fois avec des industriels, des éleveurs, en circuit court, et nous arrivons donc à avoir des prix corrects au global. »

Les agriculteurs stockent, trient et sèchent tout, ce qui leur permet de maîtriser leur marchandise et les débouchés. « C’est un travail supplémentaire mais c’est une force », estime-t-il. La part de la vente directe atteint aujourd’hui 15 % du chiffre d’affaires (magasins bios spécialisés, magasins à la ferme, cantines…). « À terme, nous aimerions atteindre 50 %, avec une gamme complète de farine, huile, légumes secs, graines de courges… », révèle Aurélien.