Biodiversité : moins de pesticides dans le sang à proximité du bio
Le nombre de pesticides serait moins élevé dans le sang du busard cendré lorsque sa zone d’habitat se situe sur des surfaces d’agriculture biologique, selon une étude récente conduite par le CNRS.
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L’agriculture biologique réduit le nombre de pesticides dans le sang, c’est ce que révèle une étude menée chez un rapace familier des terres agricoles, le busard cendré (1), par des chercheurs français du CNRS (Centre national de la recherche scientifique).
Leurs résultats, publiés dans la revue Science of the Total Environment en juin 2024, mettent en évidence le rôle potentiel de l’agriculture biologique dans la réduction de l’exposition des oiseaux à « un cocktail de pesticides ».
Après avoir analysé la concentration de plusieurs composés dans le sang de busards cendrés provenant de 22 nids, l’étude conclut au « possible bénéfice de l’agriculture biologique pour la santé des écosystèmes ». Le projet a été réalisé sur la plateforme de recherche socioécologique « Zone Atelier Plaine et Val de Sèvre », un site de 450 km² dans le sud-ouest de la France.
L’effet « cocktail » des composés
Parmi les 55 poussins de busards cendrés étudiés, tous étaient contaminés par au moins un pesticide. Au total, 28 composés distincts ont été détectés sur plus d’une centaine recherchée : 10 herbicides, 12 fongicides et 5 insecticides et 1 synergisant.
« Lorsque le pourcentage d’agriculture biologique autour des nids était élevé (2), le nombre de pesticides retrouvés dans le sang des poussins était significativement réduit, passant de 16 molécules à 4 au maximum. Selon les chercheurs du CNRS, le pourcentage d’agriculture biologique autour des nids diminuait de manière significative le nombre de pesticides détectés, sans pour autant diminuer les concentrations totales. »
Cette constatation met en évidence le rôle potentiel de l’agriculture biologique dans la réduction de l’exposition des oiseaux à un « cocktail de pesticides ». En réduisant le nombre de pesticides présents dans un organisme, le risque de toxicité lié à l’interaction entre molécules, soit « l’effet cocktail », se retrouve atténué.
Autre résultat de l’étude, ni le sexe du poussin ni son ordre d’éclosion n’ont influencé son niveau de contamination. En revanche, les scientifiques ont observé une grande variabilité d’exposition des différents poussins du même nid, qui peut s’expliquer par le biais des aliments apportés par les busards à leurs poussins.
Indicateur d’une contamination plus large de l’environnement
L’étude de la contamination par les pesticides chez le busard cendré « est particulièrement pertinente en tant qu’indicateur d’une contamination plus large de l’environnement », puisqu’il s’agit d’un prédateur spécialisé des terres agricoles, au sommet de la chaîne trophique, expliquent les auteurs de l’étude. Un résultat intéressant dans le concept One Health (Une seule santé), qui propose une approche intégrée de la santé, à l’interface entre celle des animaux, des humains, et de leur environnement.
Selon les scientifiques, la plupart des études existantes se sont concentrées sur les métaux lourds et les composés persistants, mais « aucune n’a abordé la variabilité des niveaux de contamination de plusieurs pesticides et les facteurs qui l’influencent ». S’il a été démontré que les intrants chimiques de synthèse sont à l’origine du déclin des populations d’oiseaux des terres agricoles, de futurs travaux devraient étudier comment les cocktails de pesticides affectent leur population.
(1) Le busard cendré est un oiseau de proie, qui niche au sol dans les cultures céréalières. Les poussins sont élevés dans le nid pendant 30 à 35 jours.
(2) La zone d’étude pour chaque nid correspond à une surface de 15 km², soit un rayon de 2 200 mètres considéré comme zone d’alimentation autour des nids, ce qui correspond au domaine vital des mâles busards cendrés.
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