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Le plan Ambition bio peine à convaincre

La Confédération paysanne regrette qu'aucune mesure concrète ne figure dans le plan Ambition bio 2027 pour enrayer le risque de déconversion.

Le plan Ambition bio 2027 présenté par le ministre de l’Agriculture manque de réponses concrètes face à la crise que subissent les producteurs, selon certains professionnels. Le travail reste à faire pour le rendre opérationnel au plus vite.

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C’est à l’occasion du Salon international de l’agriculture, que Marc Fesneau a dévoilé le plan Ambition bio 2027. Ce dernier donne les grandes lignes du gouvernement en matière de production et de consommation d’ici aux trois prochaines années.

La présentation s’est tenue sur le stand du ministère de l’Agriculture, le 28 février 2024, devant le grand public. Un format non adapté, selon Sylvie Colas, secrétaire nationale de la Confédération paysanne. « La présentation n’était pas adaptée à la forme. Nous avons manqué de réponses sur la possibilité d’une aide au maintien, sur d’éventuelles MAEC bio, sur le devenir du solde d’aides à la conversion, ou encore sur la réouverture du PSN [NDLR : plan stratégique national de la Pac], regrette l’éleveuse. Ce ne sont aujourd’hui que des grandes lignes, nous avons besoin d’un vrai soutien et d’une vraie volonté que les conversions ne s’arrêtent pas. »

Pas de volonté politique sur les conversions

L’objectif de 18 % de SAU convertie à l’horizon de 2027 n’apparaît pas dans le dossier du plan Ambition bio (PAB 2027) présenté à la presse. « Il a été retiré, confirme Brice Guyau, responsable de la commission bio pour la FNSEA. Un effort a été fait sur le maintien de l’outil avant de vouloir développer les filières. »

« Il faut continuer à engager dans le bio, poursuit pourtant Sylvie Colas. Les échelles de fermes et de territoires le permettent. Avec Egalim, il y a des opportunités à construire de petits outils de transformation pour fournir au plus près les collectivités. […] Mais je n’ai pas senti de volonté politique. »

Des besoins opérationnels

Inscrite dans le plan Ambition bio 2027, la mise en place d’outils de régulation était attendue par la profession. « Avec l’équivalent de 265 jours de stocks en céréales bio, il nous faut du dégagement, explique Brice Guyau. Nous avons de réels besoins opérationnels sur le territoire en matière de stockage. L’action pratique continue… »

La création d’un Observatoire des prix et des marges consacré à la bio était également réclamée. « Aujourd’hui, on n’y compte seulement trois ou quatre produits bio, souligne Brice Guyau. En le développant, nous pourrons comprendre où se trouve la valeur ajoutée captée. »

« Ce plan est un peu dissonant, note toutefois Sylvie Colas. Il n’y a pas de mesure qui concerne les coûts de production, ni les prix planchers. […] On a besoin de visibilité au-delà de six mois et qu’apparaisse une aide au maintien pour éviter les déconversions. »

Du côté de la Fnab, on déplore qu’aucune mesure n’ait été annoncée concernant la rémunération des aménités positives de la bio, ou encore pour assurer la pérennité des fermes dans le temps. « Nous nous attendions à une réelle vision stratégique et une politique de soutien en conséquence, indique Philippe Camburet, dans un communiqué du 29 février dernier. Force est de constater que sur ce point, le compte n’y est pas. »

« Un moratoire sur la bio »

Dans l’attente de réponses concrètes, la FRSEA et JA Île-de-France se sont réunis devant Bercy ce 1er mars. L’objectif ? « Nous avons ciblé Bercy car ce sont eux qui contrôlent Egalim, explique Alexandre Ruèche, céréalier bio dans les Yvelines. Nous souhaitions être reçus par le ministre Bruno Le Maire. » Finalement, les forces de l’ordre ont prié la vingtaine d’agriculteurs de quitter les lieux.

« En tant qu’agriculteur et citoyen, j’ai bien du mal à comprendre les choix et orientations sur la bio. La politique environnementale n’est pas à la hauteur, regrette Alexandre Ruèche. Je pense qu’il faut un vrai moratoire sur la bio. Aujourd’hui, ce n’est pas cohérent d’amener des jeunes vers le bio. »

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